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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 5
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Leclercq, Émile: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0474

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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-A RTS

Bruxelles, 18 octobre 1861.

*

En Belgique, comme partout, on restaure avec respect les œuvres d'art du passé;
on donne une seconde jeunesse aux tableaux et aux édifices. Les toiles et les panneaux
rongés par le temps sont remplacés par des soutiens plus solides, garantis bons pour
un ou deux siècles. Les édifices, de style ogival surtout, reprennent peu à peu une
physionomie moins délabrée; et là où bientôt on devait voir des ruines, une intelli-
gente, une patiente restauration éloigne pour longtemps toute idée de destruction,
môme partielle.

L'hôtel de ville, l'église de la Chapelle, la collégiale des Saints-Michel-et-Gudule, à
Bruxelles, sont les principaux monuments aujourd'hui en bonne voie de reconstruction.
Dans quelques années, ces spécimens d'un art qui ne manquait ni de grâce ni de gran-
deur auront revêtu entièrement leur nouvelle enveloppe, et pourront être admirés
dans leur ensemble et dans leurs détails, pour la plus grande gloire des modestes
artistes qui les ont conçus. C'est ce travail qui prouve le mieux le respect de la tradi-
tion et la vénération des grands maîtres. Mais toutes les imitations, qui ne sont que des
marques d'impuissance, les chapelles, les théâtres, les palais, les statues et les tableaux
« inspirés » des écoles et des artistes devenus classiques, ne devraient attirer l'atten-
tion et éveiller l'intérêt que des seuls archéologues. Compléter un édifice inachevé, ou
lui rendre certaines beautés délicates et fleuries que le temps a transformées en gros-
sières ébauches, rétablir ce que les révolutions ont détruit, ou ce que l'indifférence
publique a trop longtemps laissé dans l'abandon, c'est à la fois respectueux, utile et
charmant. Mais se donner la peine de recommencer les travaux d'une autre époque,
parler une langue qui aujourd'hui est en architecture et en peinture ce que le style de
Rabelais est en littérature, il faut avouer que c'est trop enfantin.

Heureusement que les vieilles nouveautés où se complaisent beaucoup d'artistes de
talent n'empêchent pas les restaurations des œuvres existantes. A l'église des Saints-.Mi-
ehel-et-Gudule, notamment, on a fait des travaux qui rendent peu à peu à ce monu-
ment son importance primitive. D'horribles maisons modernes avaient poussé comme
des champignons contre ses murailles et les cachaient en partie; on lésa abattues avec
une lenteur prudente, sans doute pour se donner le temps de revenir sur la décision
prise, si c'était nécessaire. Quelques-unes subsistent encore; on se prépare à les sacri-
fier. Ainsi bientôt l'église apparaîtra dans les nobles et élégantes proportions que son
créateur lui avait données.
 
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