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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 2
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Livres d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0199

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102

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

parallèles, sont enfermées dans une sorte do tunique qui descend jusqu'aux chevilles,
mais les pieds nus sont modelés et rendus avec un naturel parlait; les jambes de la
femme, également immobiles, sont recouvertes comme d'une robe fine qui en dessine les
formes, et ses pieds sont chaussés de ces souliers pointus redressés comme des patins,
semblables aux babouches modernes do Constantinople, qui appartiennent à l'ancien
costume phrygien, à celui (pie les Grecs employaient constamment lorsqu'ils voulaient
caractériser d'une manière générale les nations étrangères. Les deux personnages sont
couchés sur un lit dont le bois est orné de palmettes grecques d'un caractère encore
primitif et oriental. Il y a dans ces statues quelque chose de singulier, mais qui pour-
tant n'étonnera pas les antiquaires : c'est un contraste frappant entre l'exécution des
tôtes et celle des pieds. Aillant le haut de la figure est rigide, hiératique et d'un
maniérisme consacré, autant le bas de ces deux statues est animé, souple et d'un style
naturel, fidèle à la réalité, attaché au vrai. On ne peut s'expliquer la présence de deux
styles aussi différents dans une même figure autrement que par une intention formelle
de continuer une tradition originairement orientale. Si l'artiste a traité autrement cer-
taines parties, c'est qu'il a voulu faire montre de son talent dans tout ce qui n'était pas
soumis à l'archaïsme des mouvements et des formes, liais, en vérité, [dus on y réflé-
chit, plus on est amené à croire que le prétendu style étrusque n'est, dans ses sculp-
tures comme dans ses vases, qu'un dérivé de l'art éginétique, lequel était originaire
de l'Asie et n'était pas sans avoir des rapports éloignés avec l'art égyptien.

Une autre preuve de ces origines asiatiques de l'art étrusque est écrite dans les bas-
reliefs qui décorent le soubassement d'un second sarcophage on pierre. Un de ces
bas-reliefs représente des scènes qui ne se peuvent montrer qu'à des archéologues en
quête de documents nouveaux pour la science. Le sens de ces sculptures que l'on dit
obscènes est une allusion à ce paradis sensuel et grossier qui s'appela quelque mille ans
plus lard le paradis de Mahomet. C'est aux antiquaires à décider entre eux quel degré
d'ancienneté on peut attribuer au premier de ces sarcophages du musée Campana.
Toujours est-il que ce monument est d'un prix inestimable pour l'histoire, l'ethno-
graphie, l'archéologie, et avant tout pour l'art.

lîn parcourant ce nouveau musée, quand il aura été mis en ordre et savamment
expliqué parles très-habiles conservateurs qui en sont chargés, les artistes seront ten-
tés, nous l'espérons, de remettre ou honneur et en usage cet art do la terre cuite qui
se prête à toutes les fantaisies, qui permet une sorte d'improvisation, qui échappe aux
rigueurs de la critique parce qu'il s'attache moins à la réalité qu'à l'esprit des formes,
et qui est, à vrai dire, pour le sculpteur, ce qu'est l'eau-forte pour le peintre.

CHAULES BLANC.

Le directeur : ÉDOUAHD IIOUSSAYE.

BAJUS. — I M P II I M K it I K DU J. CUVE, «DU S A 1 N T - 11 E N O 1T , 7
 
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