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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 11: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0253

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN. 2/i5

l'histoire monumentale du monde conserveront la poésie qui s'attache
aux traditions antiques et aux longs souvenirs, alors môme que les
nations répandues sur,la terre déboisée auraient inauguré l'âge de fer.

La Configuration du sol. — Avant d'employer les ressources de la
couleur, les arts du dessin produisent leurs effets par le mariage des
lignes droites et des lignes courbes, mais F architecte surtout, dont les
œuvres ont la nature pour cadre et le ciel pour fond, doit faire entrer
d'abord dans ses combinaisons les lignes extérieures que lui fournit la
situation de son monument. Lorsque la terre est montagneuse et qu'elle
présente des courbes variées, on s'attend que l'architecture affectera les
lignes droites ; lorsque le spectacle environnant se complique de lignes
brisées et se tourmente, l'art est porté aux formes simples, aux contours
reposés, aux profils qui se continuent.

Un grand peintre qui a eu au plus haut degré le sentiment de l'archi-
tecture, ÏNicolas Poussin, a toujours l'attention de racheter par des lignes
tranquilles le mouvement de la campagne, et de combiner l'invention de
ses fabriques avec les données de la nature. Tantôt il coupe par des obé-
lisques, des pyramides ou des fontaines le fond calme de son paysage ;
tantôt il suppose au loin un aqueduc romain qui contraste avec l'ondula-
tion des collines et asseoit l'horizon. Chez lui, le regard trouve toujours
un point d'appui pour joindre les montagnes les plus éloignées ou pour
franchir un ravin. Mieux que personne, il a compris que l'architecte,
avant de dessiner le plan de son édifice et d'en marquer la place, devait
regarder à la configuration du sol, le plus souvent afin de contrarier les
aspects naturels, quelquefois au contraire, mais rarement, afin de s'y
conformer et d'ajouter encore par ses propres artifices à l'énergie des
impressions locales. Sous ce rapport, les voyages sont pour l'architecte
un utile enseignement. En parcourant les diverses contrées que l'art a
visitées avant lui, il verra comment le génie de l'homme a corrigé ou
secondé les effets produits par le caractère du sol, et y a môme puisé ses
habitudes de construction. Dans tel pays où une grande partie de l'exis-
tence se passe sur les fleuves, comme en Chine, il arrive que les ponts,
après avoir été un objet de nécessité, deviennent, sans aucun besoin, de
simples motifs de décoration. Les Chinois en jettent partout; ils s'en
servent pour accidenter leurs jardins, pour varier leurs perspectives,
pour rompre l'uniformité d'un point de vue, et ils les construisent de
cent manières différentes, en arc-en-ciel, en levier, en balancier, en pou-
 
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