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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 4
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Beulé, Charles-Ernest: Le jour des Panathénées
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0334

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322

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

LÉ GARDIEN.

Je crains tous ceux qui entourent Périclès.

riIIDIAS.

Pourquoi? Périclès est l'ami du peuple.

LE GAIÎDIEN.

De mon temps, le peuple se défiait d'amis aussi redoutables. Miltiade,
Thémistocle et Cimon l'ont appris en prison ou dans l'exil.

PHIDIAS.

Tu oublies que Périclès t'a assuré une vieillesse tranquille, ainsi qu'à
tous les citoyens mutilés dans les combats.

LE GARDIEN.

Ce n'est point Périclès, c'est la patrie qui nous paye sa dette. Il n'a
fait, lui, que proposer à l'assemblée un décret juste.

PHIDIAS.

C'est bien. Le prytane et les archers scythes qui retirent les clefs de
l'Acropole passeront ici, au pied des remparts. Dès que je les entendrai,
je te promets de partir.

LE GARDIEN.

Et quel motif te retient ce soir plus longtemps que d'ordinaire?

PHIDIAS.

Demain, pendant la fête des Panathénées, le Parthénon sera consacré.
Je désire contempler une dernière fois, pendant qu'elle m'appartient
encore, la statue que je viens d'achever.

LE GARDIEN.

Singulière piété ! digne de ceux qui reconstruisent les temples mal-
gré nos serments ! Car nous avions juré, en étendant vers le ciel nos mains
ensanglantées par la victoire, de ne jamais toucher aux sanctuaires brûlés
par Xerxès : leurs ruines devaient subsister comme un gage éternel de
haine contre les barbares. Mais pour qui les serments sont-ils sacrés au-
jourd'hui? Quant aux vieillards qui ont sauvé la ville où vous régnez, vous
les traitez de radoteurs.

( II B'élofgne en murmurant.)

SCÈNE 11

PHIDIAS, seul.

Ames rudes et plus rude langage, tels étaient nos pères! Nous faisons
de belles choses, ils en ont fait de grandes. Oui, je le conçois, l'amour de
la liberté doit enfanter l'ingratitude. Pauvre Périclès, condamné à rem-
plir le tonneau des Danaïdes !... Mais laissons les soucis terrestres. Voici
 
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