Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: L' enseignement des arts, [1]: il y a quelque chose e faire
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0410

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
394 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mission, surtout lorsqu'il s'agit d'intérêts opposés à satisfaire et d'un
parti à prendre.

Les arts sont malades ; une commission est nommée pour aviser à les
rendre mieux portants : l'intention est assurément excellente; l'effet, quel
sera-t-il ?

Quand on veut guérir un malade, que fait d'abord le médecin, ou le
conseil des médecins ? 11 cherche la cause du mal, et, s'il parvient à la con-
naître, il applique le remède : cela est tout simple. Mais si le malade
ne veut pas adopter le régime prescrit, si ce régime semble mauvais à la
famille ou aux amis du malade, si le moribond prend sa langueur pour
une douce quiétude, ou sa fièvre pour un signe d'énergie et de force
vitale, alors il faut décrire minutieusement la maladie, en expliquer les
symptômes, en faire apercevoir les tristes conséquences, inspirer au
besoin l'effroi du mal pour décider à l'emploi du remède.

Si notre siècle aime les commissions, il aime aussi les spécialités. Jadis
les artistes étaient à la fois architectes, sculpteurs, peintres, graveurs,
et même poètes et musiciens; on a pensé probablement que cette promis-
cuité des arts était une mauvaise chose, et on a divisé l'Académie des
beaux-arts en sections. Officiellement, les artistes ont du ainsi opter. Peu
à peu cette division, qui avait la prétention cependant de former un seul
faisceau, est entrée si bien dans les mœurs et les habitudes des artistes,
que l'Académie des beaux-arts est devenue comme une nouvelle tour de
Babel. Les peintres, les architectes et les sculpteurs ont parlé chacun de
leur côté une langue différente ; et si, par aventure, ils étaient appelés
à concourir à une œuvre commune, ils s'entendaient si peu, ou s'aidaient
si mal entre eux, que l'œuvre terminée présentait la plus étrange caco-
phonie. L'ancien faisceau des arts une fois rompu, ses débris se sont
ômiettés à l'infini, et les trois grandes divisions des arts plastiques, con-
sacrées par les institutions académiques, ont formé des" subdivisions. La
peinture se divise en plusieurs départements : l'histoire, le genre, le
paysage, la décoration, sans compter les spécialités, telles que : tableaux
de batailles, de nature morte, d'animaux, de fleurs, de portraits, à l'a-
quarelle, au pastel, etc. L'architecture a vu démembrer son riche
domaine; nous avons les architectes du gouvernement, les architectes
de maisons, religieux, de châteaux, de jardins, de fontaines, de théâ-
tres, etc. La sculpture, cet art un par excellence, possède des sculpteurs
historiques, des sculpteurs de bustes (portraits), des sculpteurs d'ani-
maux, de statuettes, des sculpteurs ou graveurs en médailles; puis de
ces débris sont sortis les graveurs de tous genres, les décorateurs d'ap-
partements, de théâtres, les dessinateurs envoyés en mission, les orne-
 
Annotationen