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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 13.1862

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Nr. 6
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Delaborde, Henri: Musée Napoléon III, collection Campana, [6], Les tableaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.17332#0536

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510 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

vertes. Il en va en effet de l'art antique et de l'art aux époques modernes
comme des dogmes catholiques par rapport à la philosophie ancienne.
Instruit par l'Évangile et par l'Église, un petit enfant en sait plus long et
plus vrai que les sages de la Grèce sur les mystères du cœur, sur les
destinées de l'âme humaine, sur le fondement de tous nos devoirs. Ainsi
des premiers peintres chrétiens et de la doctrine que leurs œuvres recè-
lent. Cette sainte métaphysique de l'art est en germe dans les travaux
antérieurs auxvi6 siècle, les préceptes de ce catéchisme ont été inscrits
dès l'origine par les pieux pinceaux de Giotto et de ses disciples. C'est
aux artistes de notre temps de les pratiquer à leur tour, d'y retremper
leur volonté et leurs croyances, d'y puiser un secours nécessaire pour
résister aux tentations mauvaises ou aux séductions frivoles : c'est à eux
qu'il appartient, à force de persévérance, d'avoir raison de nos incrédu-
lités ou de notre froideur, et de susciter en nous, à l'exemple de ces
vieux maîtres, des sentiments hors desquels il n'y a pour l'imagination
qu'une occupation sans dignité ou une lassitude sans pensée et sans rêve.

Est-ce à dire que nous prétendions par là immobiliser l'esprit de pro-
grès ou nier l'utilité des grandes choses qui se sont accomplies, des
grands enseignements qui ont été donnés avant et après la première
renaissance italienne ? Une pareille arrière-pensée serait peu dangereuse
d'ailleurs, en raison de sa sottise même. Mais ne saurait-on, sans ingra-
titude envers personne, distinguer entre les bienfaits? Doit-on, sous pré-
texte d'impartialité, s'éprendre avec les mêmes empressements de ce
qui caresse seulement les surfaces de notre intelligence et de ce qui
correspond aux plus profonds instincts, aux plus impérieux besoins de
notre cœur? Quant à nous, en matière d'art comme ailleurs, nous avons
peu de goût pour les religions mixtes, peu de confiance dans les opinions
moyennes. Qu'on admire toute œuvre justement admirable, qu'on estime
cà son prix le talent quel qu'il soit, sous quelque forme qu'il se produise,
rien de mieux; mais à la condition de réserver sa foi, de garder invaria-
blement ses préférences ; à la condition — surtout quand on est peintre,
et peintre de sujets religieux — d'opter entre les modèles où la chair
seule est mise en cause et ceux qui glorifient l'esprit. L'étude de l'art
grec lui-même, cette étude si nécessaire au point de vue du beau, si
profitable à qui s'y livre avec discernement, peut devenir un non-sens
ou un danger lorsqu'elle envahit le domaine des idées chrétiennes : tandis
qu'en tout ce qui intéresse celles-ci, on interrogera, sans péril comme
sans méprise, les travaux qu'elles ont directement inspirés. « 11 faut,
disait ingénieusement Orsel, il faut baptiser l'art grec. » Je le veux bien :
toutefois, n'est-il pas plus sur encore de demander conseil à ceux qui
 
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