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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
empereurs signifiés par les deux trompettes que tient cette figure qui exprime le repos,
la langueur et la léthargie où elle est présentement.
Passons maintenant en revue les productions de Le Brun, sur les-
quelles Nivelon nous fournit quelques détails intéressants et qui nous ont
paru peu connus.
Le Serpent d’airain1, gravé par Audran le jeune. Ce tableau est peint
en petit. En 1650, Le Brun le commença en grand dans le réfectoire des
religieux de Saint-François, à Picpus. C’est le premier qu’il lit de cette
grandeur à Paris, et qui peut être considéré comme le fondement de sa
fortune. Les troubles civils qui eurent lieu pendant la Fronde ne lui per-
mirent pas de l’achever.
C’est de la même époque que datent plusieurs petits ouvrages, tels
que les Quatre parties du monde, figures et paysages peints sur cuivre ;
les Quatre âges de l’homme, dans un seul tableau; les Cinq sens de nature,
dessinés \ Y Histoire de l'Enfant prodigue, et les dessins d’un Christ e t
des Douze Apôtres, dessins qui ont été gravés.
Sous la même date viennent se ranger les travaux faits pour la mai-
son du commandeur de Jars2, qui joignait l’hôtel Louvois, rue de Biche-
lieu. Le Brun y avait peint un plafond où l’on voyait représentée la déesse
Thémis enlevée aux deux par le Temps. Le célèbre Mansard, qui y tra-
vaillait en même temps à des détails d’architecture, eut avec le peintre
quelques difficultés, « ce qui m’empêcha, ajoute Nivelon, d’entrer dans
ce lieu où sont renfermés les mémoires de feu M. Séguier, et je ne puis
rien dire de cet ouvrage qui fut suivi de celui que fit faire M. l’abbé de
La Rivière dans sa maison, place Royale, où l’on voit un grand travail de
M. Vouet. »
Les deux chambres que Le Brun avait peintes dans cette dernière
habitation étaient très-richement décorées. La première renfermait la
charmante fiction d’Apulée, Psyché enlevée au ciel par Mercure, à son
retour des Enfers. Chaque angle du compartiment qui formait l’attique
sur la corniche était rempli de grandes médailles de bronze représentant
la puissance de l’Amour soutenu par un sphinx. Le couronnement des
corps qui renfermaient ces sujets supportait un grand vase d’or enrichi
de festons, et de chaque côté, en retour, étaient placées deux des Muses
avec leurs attributs. Quatre sujets de tableaux coloriés remplissaient les
faces du milieu de l’attique, et racontaient les peines de Psyché.
1. Voyez les Vies des Peintres, par Lépicié, t. I, p. 16.
2. Nivelon écrit Joar. Comparez les détails que nous donnons ici, et que nous abrégeons
singulièrement, avec le Mémoire des ouvrages de peinture donné à la suite de Louis Testelin,
t. I, p. 225, des Mém. inéd. des Académiciens.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
empereurs signifiés par les deux trompettes que tient cette figure qui exprime le repos,
la langueur et la léthargie où elle est présentement.
Passons maintenant en revue les productions de Le Brun, sur les-
quelles Nivelon nous fournit quelques détails intéressants et qui nous ont
paru peu connus.
Le Serpent d’airain1, gravé par Audran le jeune. Ce tableau est peint
en petit. En 1650, Le Brun le commença en grand dans le réfectoire des
religieux de Saint-François, à Picpus. C’est le premier qu’il lit de cette
grandeur à Paris, et qui peut être considéré comme le fondement de sa
fortune. Les troubles civils qui eurent lieu pendant la Fronde ne lui per-
mirent pas de l’achever.
C’est de la même époque que datent plusieurs petits ouvrages, tels
que les Quatre parties du monde, figures et paysages peints sur cuivre ;
les Quatre âges de l’homme, dans un seul tableau; les Cinq sens de nature,
dessinés \ Y Histoire de l'Enfant prodigue, et les dessins d’un Christ e t
des Douze Apôtres, dessins qui ont été gravés.
Sous la même date viennent se ranger les travaux faits pour la mai-
son du commandeur de Jars2, qui joignait l’hôtel Louvois, rue de Biche-
lieu. Le Brun y avait peint un plafond où l’on voyait représentée la déesse
Thémis enlevée aux deux par le Temps. Le célèbre Mansard, qui y tra-
vaillait en même temps à des détails d’architecture, eut avec le peintre
quelques difficultés, « ce qui m’empêcha, ajoute Nivelon, d’entrer dans
ce lieu où sont renfermés les mémoires de feu M. Séguier, et je ne puis
rien dire de cet ouvrage qui fut suivi de celui que fit faire M. l’abbé de
La Rivière dans sa maison, place Royale, où l’on voit un grand travail de
M. Vouet. »
Les deux chambres que Le Brun avait peintes dans cette dernière
habitation étaient très-richement décorées. La première renfermait la
charmante fiction d’Apulée, Psyché enlevée au ciel par Mercure, à son
retour des Enfers. Chaque angle du compartiment qui formait l’attique
sur la corniche était rempli de grandes médailles de bronze représentant
la puissance de l’Amour soutenu par un sphinx. Le couronnement des
corps qui renfermaient ces sujets supportait un grand vase d’or enrichi
de festons, et de chaque côté, en retour, étaient placées deux des Muses
avec leurs attributs. Quatre sujets de tableaux coloriés remplissaient les
faces du milieu de l’attique, et racontaient les peines de Psyché.
1. Voyez les Vies des Peintres, par Lépicié, t. I, p. 16.
2. Nivelon écrit Joar. Comparez les détails que nous donnons ici, et que nous abrégeons
singulièrement, avec le Mémoire des ouvrages de peinture donné à la suite de Louis Testelin,
t. I, p. 225, des Mém. inéd. des Académiciens.