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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
soleil ne perce qu’en livrant à des nuages factices des combats trop sou-
vent incomplets. Dans VEcluse d’Egham} que nous publions aujourd’hui,
ils retrouvent au contraire un des traits les plus saillants du paysage
anglais et un des plus habilement saisis par M. Haden : la fraîcheur du
ciel imperceptiblement voilé, à de certains jours, et la transparence
cristalline des eaux qui le reflètent. On pourrait appeler M. Haden : le
poète des rivières paisibles.
Les deux planches que nous avons eu la bonne fortune d’offrir à nos
abonnés ont été choisies, non pas peut-être parmi les plus frappantes,
mais parmi celles qui cadraient strictement avec le format de la Gazette.
De plus, la nécessité des grands tirages oblige à choisir des cuivres assez
nettement mordus pour résister au passage réitéré sous la presse. Ces
deux planches n’expriment donc point tous les côtés du talent de M. Ha-
den, et particulièrement le ton velouté qu’il sait donner à ses masses
d’ombre. Elles suffisent pour que l’on puisse compléter, par la pensée,
ce que nous-même avons cherché à exprimer par des mots, et faire com-
prendre, en y joignant la planche publiée par la Société des Aqua-Forlistes,
l’intérêt qu’elles ont excité chez nos jeunes paysagistes. Autant nous
sommes incrédule à l’endroit des théories, autant nous croyons à l’élo-
quence d’une œuvre réussie. Puissent celles-ci enseigner à nos jeunes
artistes qu’il n’est point de genre inférieur, et que, dès que l’on a choisi
un instrument quelconque pour exprimer une pensée, on doit demander
à cet instrument toutes les ressources spéciales qu’il comporte; qu’une
eau-forte n’est pas plus une molle lithographie qu’elle ne doit être un
croquis brutal à la plume; qu’il faut sans cesse retremper verve,
observation et outil, dans l’étude naïve de la nature!
Un maître français, M. Charles Daubigny, avait publié, il y a quel-
ques années, des suites de paysages qui sont à peu près les seules en
France que nous puissions opposer à celles de M. Francis Seymour-
Haden. En étudiant prochainement l’œuvre de M. Daubigny, nous cher-
cherons à montrer par quels points se différencie le génie anglais du
génie français en face du paysage.
«4*
PHILIPPE BURTY.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
soleil ne perce qu’en livrant à des nuages factices des combats trop sou-
vent incomplets. Dans VEcluse d’Egham} que nous publions aujourd’hui,
ils retrouvent au contraire un des traits les plus saillants du paysage
anglais et un des plus habilement saisis par M. Haden : la fraîcheur du
ciel imperceptiblement voilé, à de certains jours, et la transparence
cristalline des eaux qui le reflètent. On pourrait appeler M. Haden : le
poète des rivières paisibles.
Les deux planches que nous avons eu la bonne fortune d’offrir à nos
abonnés ont été choisies, non pas peut-être parmi les plus frappantes,
mais parmi celles qui cadraient strictement avec le format de la Gazette.
De plus, la nécessité des grands tirages oblige à choisir des cuivres assez
nettement mordus pour résister au passage réitéré sous la presse. Ces
deux planches n’expriment donc point tous les côtés du talent de M. Ha-
den, et particulièrement le ton velouté qu’il sait donner à ses masses
d’ombre. Elles suffisent pour que l’on puisse compléter, par la pensée,
ce que nous-même avons cherché à exprimer par des mots, et faire com-
prendre, en y joignant la planche publiée par la Société des Aqua-Forlistes,
l’intérêt qu’elles ont excité chez nos jeunes paysagistes. Autant nous
sommes incrédule à l’endroit des théories, autant nous croyons à l’élo-
quence d’une œuvre réussie. Puissent celles-ci enseigner à nos jeunes
artistes qu’il n’est point de genre inférieur, et que, dès que l’on a choisi
un instrument quelconque pour exprimer une pensée, on doit demander
à cet instrument toutes les ressources spéciales qu’il comporte; qu’une
eau-forte n’est pas plus une molle lithographie qu’elle ne doit être un
croquis brutal à la plume; qu’il faut sans cesse retremper verve,
observation et outil, dans l’étude naïve de la nature!
Un maître français, M. Charles Daubigny, avait publié, il y a quel-
ques années, des suites de paysages qui sont à peu près les seules en
France que nous puissions opposer à celles de M. Francis Seymour-
Haden. En étudiant prochainement l’œuvre de M. Daubigny, nous cher-
cherons à montrer par quels points se différencie le génie anglais du
génie français en face du paysage.
«4*
PHILIPPE BURTY.