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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 17.1864

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Les Beaux-Arts et l'industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18740#0531

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

5H

Mais, dira-t-on, pour ce nouvel enseignement, ne faudra-t-il pas des
hommes nouveaux? A Dieu ne plaise qu’il nous vienne à l’esprit de me-
nacer qui que ce soit dans sa carrière! Chez nous tout existe, au moins
à l’état embryonnaire; il faut développer et non renverser. Qu’un pro-
gramme bien fait, conçu par des hommes spéciaux et intelligents, soit
publié par l’autorité, vous verrez tous vos professeurs, électrisés par
l’idée nouvelle, rivaliser de zèle dans son application.

D’abord quelque hésitation se manifestera; des intelligences diverses
s’élançant dans une sphère inconnue, ouvriront différentes voies parmi
lesquelles vous choisirez la meilleure, afin de l’indiquer à tous.

Manque-t-il d’ailleurs d’éléments pour l’enseignement normal destiné
à vos professeurs? Non. Dites-leur de méditer les leçons d’esthétique qui
sortent chaque jour de la plume des critiques les plus autorisés; dites-
leur encore de méditer les pages réfléchies et brillantes où, sous le titre
modeste de Grammaire des arts du dessin, notre éminent collaborateur,
Charles Blanc, a réuni la rhétorique de la peinture, de la statuaire et de
l’architecture; ce sont là des points de départ qui doivent mener au
bien.

Certes il y aurait autre chose à faire. Nous ne pouvons oublier l’heu-
reuse idée qu’avait eue notre directeur de faire profiter l’enseignement
professionnel du généreux sacrifice fait par l’État pour acquérir une col-
lection précieuse. Jetons un voile sur les circonstances qui ont alors pa-
ralysé les meilleures et les plus hautes intentions. Mais il est une autre
idée de M. Émile Galichon qui contribuerait puissamment à transformer
l’enseignement des beaux-arts : ce serait la substitution de fac-similé des
dessins de nos grands maîtres aux honteux modèles qui passent inces-
samment sous les yeux des élèves. Le jeune homme, excité à chercher la
pensée sous la forme, instruit par son professeur à lire dans un trait
savant et hardi, largement massé, l’expression du mouvement passionné
et la grande conception des effets, deviendrait apte à comprendre pour-
quoi les mêmes hommes admirent Raphaël et Michel-Ange, Ingres et
Eugène Delacroix. Alors nos musées cesseraient d’être seulement un
refuge les jours de mauvais temps; nos expositions annuelles repren-
draient faveur ; on verrait, sans nul doute, renaître les luttes animées
qui, après avoir produit notre école actuelle, prépareraient celle de
l’avenir.

C’est au prix de ces miracles, qu’un mot peut accomplir, que la France
reprendra sa véritable place et sa suprématie dans l’art. Exciter les ou-
vriers à s’instruire, forcer les industriels à des sacrifices dont la masse du
public ne leur tiendrait nul compte, ce serait se débattre dans le vide;
 
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