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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 3
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Bulletin mensuel: Février 1865
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0304

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BULLETIN MENSUEL

FÉVRIER 1865

'événement du mois, ce n’est pas l’apparition d’un homme nouveau ou la
révélation d’un chef-d’œuvre inconnu, ce n’est pas même la marche triom-
phale de la vente Pourtalès, c’est l’exposition posthume d’Hippolyte Flandrin.
Il y a toujours un vif intérêt à pouvoir embrasser d’un seul regard la vie
entière d’un artiste, à voir réunies une fois en un même lieu des œuvres diverses, filles
du même talent, nées à de longs intervalles et dispersées en différentes mains. Mais l’in-
térêt s’accroît encore, lorsqu’il s’agit d’un artiste mort avant l’heure et resté vierge du
contact dangereux de la popularité. Alors on assiste à une lutte de l’opinion publique
contre elle-même. Les faits sont là, patents, irrécusables, le talent s’affirme par des
preuves positives, l’évidence commande. Il faut que l’opinion, jusqu’alors déroutée,
s’avoue vaincue et qu’elle se transforme sous l’empire d’un sentiment d’admiration
tardive, pour préparer le retour de justice de l’avenir.

Hippolvte Flandrin eut à combattre, lui aussi, de redoutables préventions. Disciple
fervent de l’Académie et non moins fervent catholique, il demeura toujours fidèle à cette
double conviction, la conviction classique et la conviction religieuse. Son pinceau a
peint son âme, et son âme ne concevait rien de plus grand, dans l’ordre de la pensée,
que la vérité chrétienne, — dans l’ordre des faits, que les traditions de l’école. Parcou-
rez son œuvre entier, vous n’y trouverez pas une seule échappée en dehors de ce
cercle qu’il s’était tracé à lui-même. Ce n’est pas une de ces natures flottantes qu’on
surprenne en flagrant délit de nouveauté, dont on puisse excuser les écarts au nom du
mystère, ou absoudre les fautes en vertu de la théorie des milieux. C’est un homme
tout d’une pièce, qui a dit ce qu’il croyait, ce qu’il pensait, ce qu’il voulait, qui l’a dit
du premier jour jusqu’au dernier, sans restriction mentale, sans fausse honte, et,
mérite plus grand, sans tapage. Son exposition posthume, c’est l’œuvre fécond d’une
vie d’artiste, qu’il faut mettre tout entier hors la loi, ou qu’il faut accepter dans sa
beauté simple, dans sa sincérité constante, dans son unité.

Eh bien! je n’hésite pas à le dire, parce que je l’ai vu, l’expérience est faite.
L’opinion accepte l’œuvre avec les qualités qui la distinguent et absout l’artiste des dé-
auts qu’il n’a pas su emprunter à son époque. Depuis le 15 février, un public
sympathique n’a cessé de se porter quai Malaquais. Pendant les trois premiers jours,
dix-huit, cents visiteurs payants étaient déjà entrés à l’exposition, sans compter les
 
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