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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Salon de 1865, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0047

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GAZETTE UES BEAUX-ARTS.

Z|2

bien des larmes. 11 recommandait donc à tous la mansuétude, l’accueil
fraternel, la sérénité de l’indulgence. Comme on le sait fort bien, Diderot
n’a pas toujours suivi le conseil qu’il donnait à ses amis et qu’il se
donnait à lui-même. Notre critique, sévère en apparence, mais en réalité
tout à fait bénévole, s’est efforcée de profiter des avis du maître. Nous
avons jugé avec quelque douceur, et bien que la situation de l’école eût
pu autoriser une déploration éloquente, nous sommes parvenu à ne
point nous lamenter. Nous espérons qu’il nous sera tenu compte de cette
modération. L’art moderne, on le reconnaîtra plus tard, donne tout ce
qu’il peut donner dans les conditions qui lui sont faites par les circon-
stances sociales; il est au niveau de la température ambiante, et s’il ne
se montre ni inspiré, ni puissant, ni héroïque, c’est parce que l’enthou-
siasme a faibli dans les âmes devenues sages. Ce sont là des considé-
rations dont un juge équitable doit tenir compte. Mais ce n’est pas une
raison pour adhérer à ce qui est vulgaire, pour célébrer ce qui est petit.
Sous ce rapport, la critique a heureusement les mains enchaînées; ses
jugements ne lui appartiennent pas. Dès qu’on a étudié l’art dans sa
grande histoire, il est impossible de s’abstraire complètement du passé,
et de ne pas faire intervenir, au moment d’apprécier une œuvre moderne,
les glorieuses figures des créateurs d’autrefois. Outre que nous ne
saurions tout comprendre, nous ne sommes vraiment pas libres de tout
applaudir, et nous avons, nous aussi, notre non possumus. L’admiration
pour les artistes éternels nous impose la loi de refuser à beaucoup
l’éloge qui n’appartient qu’à quelques-uns; de là tant de contestations
légitimes, tant d’inévitables sévérités. Si la critique voulait n’avoir,
pour tous et pour chacun, que des félicitations et des sourires, elle
serait obligée d’insulter ses maîtres et de renier ses dieux.

l’Al'l MANTZ,.
 
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