DOI Heft:
Nr.4
DOI Artikel:Bulletin mensuel: Septembre 1865
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0393
BULLETIN MENSUEL
SEPTEMBRE 1860
e grand fait artistique du mois, est-il besoin de le nommer? Deman-
dez-le à la presse, demandez-le aux flots de curieux qui envahissent
chaque jour le palais des Champs-Élvsées. Artistes et gens du monde,
amateurs et ouvriers, il n’v a pour tous qu’un événement, qu’un phé-
> nomène, qu’un succès, l’Exposition de l’Union centrale. Le Musée
d’art rétrospectif, voilà le lion de la saison. Pourquoi faut-il que, seul de tous les
chroniqueurs, il me soit interdit d’y toucher? Mais le moyen d’enfermer ce lion dans
la cage étroite du bulletin! La Gazelle, qui l’a porté, qui l’a fait naître, veut le loger
en meilleur lieu, et déjà chacun de nos amis se dispute l’honneur de le nourrir.
Donc, plions bagage et suivons les hasards de l’été. Aussi bien, n’cst-ce pas le pri-
vilège des chroniqueurs en vacance d’emporter la chronique à la semelle de leurs
souliers, et de pouvoir s’écrier avec le poëte?
Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
Rome, ce sera, si vous le voulez, Angers, le Mans, Chartres, Bordeaux; en un mot
la province, cette annexe de Paris. Je n’ai pas la prétention de l’avoir découverte, mais
j’en puis donner des nouvelles à ceux qu’intéresse la pauvre délaissée. Si quelqu’un de
nos lecteurs a visité jadis le Musée d’Angers, il n’apprendra pas sans plaisir que d’in-
telligents remaniements lui ont donné une tout autre physionomie, que des libéralités
de plus d’une sorte sont encore venues l’enrichir. C’est là, on le sait, que le grand
statuaire David a voulu déposer pour la postérité les preuves de son génie. Un nouveau
don de M,ne David (et j’ai la confiance que ce ne sera pas le dernier) a ajouté naguère
à ce monde de statues, de bustes et de médaillons, quelques dessins d’un intérêt
piquant. Lorsque David fut chargé de la statue de Bonchamp, il voulut étudier d’après
nature les types à introduire dans ses bas-reliefs. U parcourut le Maine et la Vendée,
recherchant avec ardeur tous les chouans qui avaient survécu à la grande guerre, et, à
mesure qu’il en rencontrait un, paysan, ouvrier ou prêtre, il en traçait des croquis
SEPTEMBRE 1860
e grand fait artistique du mois, est-il besoin de le nommer? Deman-
dez-le à la presse, demandez-le aux flots de curieux qui envahissent
chaque jour le palais des Champs-Élvsées. Artistes et gens du monde,
amateurs et ouvriers, il n’v a pour tous qu’un événement, qu’un phé-
> nomène, qu’un succès, l’Exposition de l’Union centrale. Le Musée
d’art rétrospectif, voilà le lion de la saison. Pourquoi faut-il que, seul de tous les
chroniqueurs, il me soit interdit d’y toucher? Mais le moyen d’enfermer ce lion dans
la cage étroite du bulletin! La Gazelle, qui l’a porté, qui l’a fait naître, veut le loger
en meilleur lieu, et déjà chacun de nos amis se dispute l’honneur de le nourrir.
Donc, plions bagage et suivons les hasards de l’été. Aussi bien, n’cst-ce pas le pri-
vilège des chroniqueurs en vacance d’emporter la chronique à la semelle de leurs
souliers, et de pouvoir s’écrier avec le poëte?
Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
Rome, ce sera, si vous le voulez, Angers, le Mans, Chartres, Bordeaux; en un mot
la province, cette annexe de Paris. Je n’ai pas la prétention de l’avoir découverte, mais
j’en puis donner des nouvelles à ceux qu’intéresse la pauvre délaissée. Si quelqu’un de
nos lecteurs a visité jadis le Musée d’Angers, il n’apprendra pas sans plaisir que d’in-
telligents remaniements lui ont donné une tout autre physionomie, que des libéralités
de plus d’une sorte sont encore venues l’enrichir. C’est là, on le sait, que le grand
statuaire David a voulu déposer pour la postérité les preuves de son génie. Un nouveau
don de M,ne David (et j’ai la confiance que ce ne sera pas le dernier) a ajouté naguère
à ce monde de statues, de bustes et de médaillons, quelques dessins d’un intérêt
piquant. Lorsque David fut chargé de la statue de Bonchamp, il voulut étudier d’après
nature les types à introduire dans ses bas-reliefs. U parcourut le Maine et la Vendée,
recherchant avec ardeur tous les chouans qui avaient survécu à la grande guerre, et, à
mesure qu’il en rencontrait un, paysan, ouvrier ou prêtre, il en traçait des croquis