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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 3, Peinture, 10: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0153
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GRAMMAIRE UES ARTS JJ U DESSIN.

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vidus innombrables et des formes d’une variété sans fin; l’homme seul,
capable de se reconnaître dans ce dédale, y puise les éléments de
l’idéal qu’il a conçu, et en soumettant ces formes aux lois de l’unité,
il en fait, sculpteur ou peintre, une œuvre d’art.

Quand les lignes de sa composition ont été construites, quand les
gestes et les mouvements de ses figures ont été prévus dans l’esquisse,
le peintre en vient à dessiner son tableau; ce qui veut dire ici chercher
l’expression par le caractère du dessin. C’est à lui de choisir, dans le
répertoire immense des formes humaines, celles qui conviennent le
mieux à traduire son émotion ou sa pensée.

Qu’est-ce que le dessin? Est-ce une pure imitation de la forme? Si
cela était, le plus fidèle de tous les dessins serait le meilleur, et dès lors
aucune copie ne serait préférable à l’image fixée sur la plaque daguer-
rienne, ou calquée mécaniquement ou dessinée parle diagraphe. Cepen-
dant, ni le diagraphe, ni le calque, ni l’instrument photographique, ne
nous donnent un dessin comparable à celui qu’auraient tracé Léonard
de Vinci, Raphaël ou Michel-Ange. Chose étonnante, et tout d’abord
incompréhensible! l’imitation la plus exacte n’est pas, à tout prendre,
la plus fidèle, et la machine, en saisissant le réel, n’a pas toujours saisi
le vrai. Pourquoi? parce que le dessin n’est pas une simple imitation, une
copie mathématiquement conforme à l’original, une reproduction inerte,
un pléonasme. Le dessin est un projet de l’esprit, comme l’indique si bien
l’orthographe de nos pères qui écrivaient dessein. Tout dessin est l’ex-
pression d’une pensée ou d’un sentiment, et par cela môme, il est chargé
de nous faire voir quelque chose de supérieur à la vérité apparente, lors-
que celle-ci ne révèle aucun sentiment, aucune pensée. Mais quelle est
cette vérité supérieure? Elle est tantôt le caractère de l’objet dessiné,
tantôt le caractère du dessinateur, et dans le grand art, elle est juste-
ment eu qu’on nomme le style.

Avant d’aller plus loin, que signifient ces mots : le caractère d’un
objet? Ils signifient le côté permanent de sa physionomie, la dominante
des impressions qu’il peut produire. Or, l’ensemble des traits qui
donnent aux objets leur caractère, ce n’est pas seulement l’œil qui le
saisit, c’est la pensée. Il se peut que ces caractères ne paraissent pas
clairement à la surface : le peintre alors les débrouille. II se peut qu’ils
soient altérés par quelques alliages : le peintre alors distingue entre les
qualités intimes et les qualités étrangères. Il démêle la vérité primitive
parmi les accidents qui sont venus la corrompre; il y ramène l’harmonie,

XX.

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