Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 3, Peinture, 13: architecture, sculpture, peinture
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0386

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
37 h

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

cœur, tandis que le dessin nous montre plutôt ce qui se passe dans l'es-
prit, et voilà une nouvelle preuve de ce que nous avons affirmé au com-
mencement de cet ouvrage : que le dessin est le sexe masculin de l’art,
et que la couleur en est le sexe féminin.

De même que le sentiment est multiple quand la raison est une, de
même la couleur est un élément mobile, vague, insaisissable, quand la
forme est au contraire précise, limitée, palpable et constante. Mais il est
dans la création matérielle des substances dont il est impossible que le
dessinateur nous donne une idée : ce sont les corps dont le caractère dis-
tinctif est dans la couleur, comme les pierres précieuses, et les substan-
ces sans formes arrêtées. Si le crayon suffit à la rigueur pour mettre
sous nos yeux une rose, il est impuissant à nous faire reconnaître une
turquoise ou un rubis, non plus qu’une nuance de ciel ou la teinte d’un
nuage. Le coloris est donc le moyen d’expression par excellence, dès qu’il
faut peindre les sensations que nous procure la matière inorganique, et
les sentiments qui s’éveillent dans l’intimité de l’être. Il faut donc ajou-
ter au clair-obscur, qui n’est que l’effet extérieur de la lumière blanche,
l’effet de la couleur, qui est pour ainsi dire l’intérieur de cette-lu-
mière.

On entend répéter tous les jours et on lit dans tous les livres que la
couleur est un don du ciel; que c’est un arcane impénétrable à celui qui
n’a pas reçu l'influence secrète ; que l’on devient dessinateur et que l’on
naît coloriste : rien de plus faux que ces adages ; car non-seulement la
couleur, soumise à des règles sûres, se peut enseigner comme la musi-
que; mais il est plus facile de l’apprendre que le dessin, dont les prin-
cipes absolus ne s’enseignent point. Aussi voyons-nous que les grands
dessinateurs sont aussi rares et même plus rares que les grands colo-
ristes. De temps immémorial, les Chinois ont connu et fixé les lois de la
couleur, et la tradition de ces lois, transmise de génération en généra-
tion jusqu’à nos jours, et répandue dans toute l’Asie, s’est perpétuée si
bien que tous les artistes orientaux sont coloristes, et coloristes infailli-
bles, puisqu’on ne trouve jamais une fausse note dans la trame de leurs
couleurs. Mais cette infaillibilité serait-elle possible, si elle n’était pas
engendrée par des principes certains et invariables ?

Qu’est-ce que la couleur?

Avant de répondre, jetons un coup d’œil sur la création. En voyant
l’infinie variété des formes humaines ou animales, l’homme conçoit une
perfection idéale de chaque forme ; il cherche à ressaisir l’exemplaire
primitif ou du moins à s’en approcher de plus en plus; mais cette con-
ception est un effort sublime de son intelligence, et si l’âme croit avoir
 
Annotationen