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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 5
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Woltmann, Alfred: Correspondance de l'Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0538

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CORRESPONDANCE DE L’ALLEMAGNE

ai revu à Munich une galerie privée des plus intéressantes. C’est celle
de M. le baron de Schack, poëte et écrivain distingué, auteur de l’his-
toire du drame espagnol, et d’un livre sur l’art et la poésie des
Arabes. Cetle collection, qui ne contient que des tableaux modernes,
a été augmentée beaucoup les dernières années. On y admire plusieurs tableaux
mythologiques et religieux de Bonaventura Genelli, de Weimar, ce rare génie quia
fait souvent des compositions que Michel-Ange et Rubens ne jugeraient point indignes
d’eux-mèmes. On y trouve encore plusieurs paysages du fameux Rottmann, mort
à Munich en 1850; un très-remarquable petit ouvrage du début de notre grand
Cornélius et quelques tableaux et esquisses de Maurice de Schwindt qui, autant poëte
que peintre, ne cesse de nous charmer par ses inventions aimables, toujours nouvelles
et pleines d’esprit. La galerie Schack nous montre encore trois artistes de notre époque,
dont tous les ouvrages nous inspirent un vif intérêt. Il nous semble qu’on y voit les
premiers indices d’une phase nouvelle de l’art allemand. Ces artistes sont : MM. Len-
bach, Boecklin, Feuerbach, qui ont choisi le même chemin, et qui prennent parmi les
peintres une place analogue à celle que M. Reinhold Begas prend parmi les sculpteurs.
Les trois peintres et le sculpteur sont unis d’amitié. Lenbach, Boecklin et Begas ont été
quelque temps professeurs à la nouvelle Académie des beaux-arts à Weimar, mais
aucun des trois ne s’est plu dans cette petite .résidence. Caractères indépendants, ils
ont préféré une carrière indépendante. Ils ont successivement quitté Weimar pour aller
à Rome, l’éternelle métropole des arts. M. Feuerbach y est encore, M. R. Begas est à
Berlin, M. Lenbach à Munich, et M. Boecklin vient de retourner à Bâle, sa patrie. Ce
sont eux qui nous ont fourni la preuve qu’un artiste allemand est bien capable d’être
coloriste. Nos fameux champions de la peinture historique et religieuse, Cornélius avant
tous, ont négligé la couleur, et il y a eu chez nous des écrivains assez téméraires
pour chercher à persuader qu’ils avaient eu raison d’agir ainsi et que la grande qualité
des peintres allemands est de ne pas savoir peindre. Mais les jeunes artistes que nous
venons de nommer se sont affranchis de ces idées. Nous admirons Cornélius, Schwindt
et Genelli, bien qu’ils soient faibles dans la couleur; mais nous sommes heureux d’avoir
des peintres qui sachent joindre la couleur au grand style. — Lenbach, issu de Fécole
de Piloty, l’extrême réaliste parmi les peintres de Munich, avait déjà obtenu un succès
considérable par des ouvrages exécutés dans la manière de son maître. Dès son entrée
en Italie, il changea d’idées. Il se livra à l’étude des anciens maîtres, et fit pour M. de
Schack plusieurs copies d’après des tableaux célèbres du xvie et du xvne siècle, par
exemple, « l’Amour céleste et lamour terrestre » par le Titien, « la Vierge » deMurillo
dansla galerie Corsini, le portrait de Rubens à Florence. Il a réussi admirablement dans
ces copies. Le portrait de l’artiste, fait par lui-même, est le fruit de ces études et nous
rappelle van Dyck et Velasquez. — Anselme Feuerbach, neveu du célèbre philosophe
et petit-fils de l’illustre jurisconsulte, a étudié de même les grands peintres de Venise
et de Florence. Sa grande toile du « Christ au tombeau » est un des meilleurs tableaux
 
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