DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Triqueti, Henri Joseph François de: Un tableau de Michel-Ange dans la Galerie Nationale de Londres
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0168
UN TABLEAU DE MICHEL-ANGE.
161
11 est impossible de ne point l'aire ici une réflexion. Les historiens se
sont plu à répéter les récits de l’inconduite de Raphaël. Sa lin prématurée,
à les croire, en fut le résultat. M. F. Reiset le premier, sinon le seul,
a fait justice, dans quelques nobles lignes, de toutes ces redites mépri-
sables des anecdotiers de l’art.
Or, nous ne connaissons aucune composition du maître, à bon droit
nommé Divin, où la décence ne soit pas scrupuleusement observée et qui
ne respire point la chasteté; le dessin des Noces d’Alexandre et lloxane
en est la preuve entre mille.
Tandis que le sévère Michel-Ange, l’homme dont la vie peut être pré-
sentée comme un modèle de pureté aux plus ascétiques, a, par une con-
tradiction frappante, laissé dans sa Lèda, et dans sa Vision du Jugement
dernier (le songe de Michel-Ange), l’exemple étrange du mépris de la
décence, poussé à un degré que les artistes dégradés du siècle suivant
ont à peine osé suivre; j’y vois encore cette domination d’un génie
qu’aucun frein n’arrête, et qui ne connaît aucune des lois que, comme
homme, il observe avec tant de respect et de scrupule dans sa vie
privée.
Je ne puis terminer cette note sans donner aux amateurs un espoir
que je voudrais pouvoir leur présenter comme une certitude. J’ai appris
qu’un Catalogue complet des Œuvres de Michel-Ange vient d’être ter-
miné après d’immenses recherches par l’homme le mieux qualifié pour
une telle tâche. M. le Dr Ruland, ancien secrétaire du prince Albert, a fait
pour Micbel-Ange ce que sous la direction du prince il avait déjà exécuté
pour Raphaël; relevant dans tous les musées de l’Europe, dans toutes
les galeries, bibliothèques, collections publiques ou privées, toutes les
œuvres du maître, en sculpture, peinture ou dessins; classant ces der-
niers d’après les compositions auxquelles ils appartiennent, et reconsti-
tuant ainsi à la fois la chronologie des études et celle des œuvres. J’ai
été témoin des curieux résultats obtenus ainsi pour l’histoire de Raphaël,
j’en attends d’aussi importants pour celle de Michel-Ange. On m’a fait
espérer que ce catalogue serait bientôt publié en Allemagne, puis, qu’il
paraîtrait traduit en anglais; bien que je n’en sois instruit que par une
communication privée, je ne crois point commettre une indiscrétion en
la faisant connaître, espérant hâter par là une publication si intéressante.
où la figure est plus grande que nature, n’est point de la main de Michel-Ange. La
figure du tableau est do grandeur naturelle.
Baron de Triqueti.
i. — 2" PÉRIODE.
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11 est impossible de ne point l'aire ici une réflexion. Les historiens se
sont plu à répéter les récits de l’inconduite de Raphaël. Sa lin prématurée,
à les croire, en fut le résultat. M. F. Reiset le premier, sinon le seul,
a fait justice, dans quelques nobles lignes, de toutes ces redites mépri-
sables des anecdotiers de l’art.
Or, nous ne connaissons aucune composition du maître, à bon droit
nommé Divin, où la décence ne soit pas scrupuleusement observée et qui
ne respire point la chasteté; le dessin des Noces d’Alexandre et lloxane
en est la preuve entre mille.
Tandis que le sévère Michel-Ange, l’homme dont la vie peut être pré-
sentée comme un modèle de pureté aux plus ascétiques, a, par une con-
tradiction frappante, laissé dans sa Lèda, et dans sa Vision du Jugement
dernier (le songe de Michel-Ange), l’exemple étrange du mépris de la
décence, poussé à un degré que les artistes dégradés du siècle suivant
ont à peine osé suivre; j’y vois encore cette domination d’un génie
qu’aucun frein n’arrête, et qui ne connaît aucune des lois que, comme
homme, il observe avec tant de respect et de scrupule dans sa vie
privée.
Je ne puis terminer cette note sans donner aux amateurs un espoir
que je voudrais pouvoir leur présenter comme une certitude. J’ai appris
qu’un Catalogue complet des Œuvres de Michel-Ange vient d’être ter-
miné après d’immenses recherches par l’homme le mieux qualifié pour
une telle tâche. M. le Dr Ruland, ancien secrétaire du prince Albert, a fait
pour Micbel-Ange ce que sous la direction du prince il avait déjà exécuté
pour Raphaël; relevant dans tous les musées de l’Europe, dans toutes
les galeries, bibliothèques, collections publiques ou privées, toutes les
œuvres du maître, en sculpture, peinture ou dessins; classant ces der-
niers d’après les compositions auxquelles ils appartiennent, et reconsti-
tuant ainsi à la fois la chronologie des études et celle des œuvres. J’ai
été témoin des curieux résultats obtenus ainsi pour l’histoire de Raphaël,
j’en attends d’aussi importants pour celle de Michel-Ange. On m’a fait
espérer que ce catalogue serait bientôt publié en Allemagne, puis, qu’il
paraîtrait traduit en anglais; bien que je n’en sois instruit que par une
communication privée, je ne crois point commettre une indiscrétion en
la faisant connaître, espérant hâter par là une publication si intéressante.
où la figure est plus grande que nature, n’est point de la main de Michel-Ange. La
figure du tableau est do grandeur naturelle.
Baron de Triqueti.
i. — 2" PÉRIODE.
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