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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 2
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Thoré, Théophile: Nouvelles études sur la galerie Suermondt, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0171

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GALERIE SUERMONDT.

163

Hais, qui a représenté tant de fiers cavaliers et de dames en riche
costume, aimait les excentriques, tels que mon cordonnier Jan Barentz,
lieutenant de l’amiral Tromp. Je suppose que la prêtresse de la Sagesse
et de la Folie, inspirée par le hibou perché sur son épaule et par le pot
quelle tient à la main, lui aura dit la bonne aventure dans quelque-
taverne. Et lui-même, inspiré par cette figure, qui semble éclose dans le
monde de Rabelais, lui a donné l’immortalité de Panurge, de Falstaff et
de Sancho. En foi de quoi il a écrit de sa propre main, sur le revers du
châssis, avec la brosse qui venait de peindre le chef-d’œuvre :

hf'u/Ce-tya/t ttafrlMTL Udl&.jf

On peut s’assurer que cette inscription est bien un autographe de
l’artiste en comparant surtout les lettres du mot Hais avec le fac-similé
d’une signature reproduite p. û3û, t. XXIV de la Gazette.

Une autre fois, Hais fit encore le portrait de la vieille folle de Ilaar-
lem : c’est celui qui fut gravé par L.-B. Coclers dans la seconde moitié
du xvme siècle. La pose du torse et de la tête est presque la même ; mais
les deux mains, croisées l’une sur l’autre, tiennent le bout d’un cordon
auquel le hibou est attaché par la patte. La lumière, au lieu de frapper
de gauche à droite, vient, indécise, du côté inverse. Le fameux pot avec
son couvercle levé n’y est plus. La belle collerette en loques est tournée
autrement et le bonnet est rejeté plus en arrière. Il s’en faut que la phy-
sionomie ait une expression aussi prodigieusement franche. Le nez est
plus petit, la bouche grimace, les yeux sont moins rayonnants.

Au bas de l’estampe, sous les noms du peintre et du graveur, on lit : .

Babel van Haarlem.

Et deux vers hollandais, qui signifient :

Votre hibou vous semble un faucon, ô fiabel ! Je m’en réjouis.

Jouez avec une fausse poupée; vous n’ôtes pas la seule.

Où Coclers a-t-il trouvé ce nom de Babel, qui a bien quelque analo-
gie avec Bobbe (faudrait-il lire Babbe?)? Babel, Babbe, Bobbe, est-ce un
sobriquet, par allusion à Babylone, à la tour de Babel, à la confusion, à
la folie? Je n’en sais rien, et M. Suermondt, ni le docteur van der Wil-
ligen, de Haarlem, n’ont pu me communiquer aucun éclaircissement.

Il faut croire que ces portraits de Hais furent assez populaires ; j’en
ai vu quelques reproductions libres, et moi-même j’en ai une, qui doit
 
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