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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 1.1869

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Nr. 5
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Grangedor, J.: Les derniers progrès de la photographie, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21404#0467

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

A48

au simple contact de la réalité. On commence à comprendre que le
moment est venu de demander à la photographie tout ce quelle doit
donner, et que l’art dans ses traditions, la nature dans ses grandeurs
visibles, comme dans ses mystères, doivent enfin devenir le but supérieur
des efforts de cette industrie naissante et de ses développements futurs.
Que d’éléments nouveaux et précieux pour l’histoire et la philosophie
n’est-elle pas appelée à nous conquérir! Que de monuments inconnus,
oubliés, dégradés, impossibles souvent à reproduire par le dessin, pour
ront ainsi reparaître au jour ! Hier, c’étaient les ruines colossales de la
mystérieuse ville d’Angoor, dans le haut Cambodje, dont un hardi pra-
ticien allait seul, en pays hostile, dérober le secret enfoui dans les solitudes
humides des jungles. A l’Exposition universelle, les admirables collec-
tions des explorateurs anglais évoquaient devant nous les féeries de l’ar-
chitecture arabe dans l’Inde et les sombres horreurs des excavations
brahmaniques. Nos voyageurs français, Charnay au Mexique, Cammas,
Mehédin en Égypte, et tant d’autres en Orient, en Perse, au Japon, en
Chine, ont apporté leur contingent à cette enquête nouvelle et grandiose
réservée à notre xixe siècle, sur l’ensemble des œuvres de l’art monu-
mental créées par l’humanité. Que saurions-nous sur le véritable aspect
des ruines classiques de ces temples abandonnés de la Grèce, de Pæstum
ou de la Sicile, sans le secours de ces étonnantes photographies qui nous
permettront un jour, alors qu’elles seront refaites dans d’autres condi-
tions, de relever mathématiquement, sans quitter notre cabinet d’étude,
jusqu’aux moindres mesures de la construction? Et, si nous parlons des
œuvres de l’art usuel et décoratif, de la numismatique, des pierres gra-
vées, des bronzes, des armes, des meubles, etc., enfermés dans les
collections célèbres, et dont la photographie n’a qu’à reproduire instan-
tanément l’image pour en mettre la forme, l’accent et l’esprit à la dis-
position de tous par des publications largement répandues, nous aurons
à signaler une conquête bien plus importante encore pour l’avenir de
l’éducation publique. En présence de cette notoriété sincère, frappante,
que peut acquérir un objet d’art au moyen d’une image photographique,
le sentiment de propriété et de droit de séquestration exercé dans sa
rigueur sur les œuvres que le génie humain a produites, et que réclame
l’histoire, se modifie et s’atténue. Le possesseur d’une belle chose ne
fermera plus sa porte à la reproduction photographique, lorsque la pres-
sion insensible de nos mœurs libérales a déjà pu l’amener, comme on le
voit aujourd’hui, à confier temporairement cette même œuvre aux
hasards d’une exposition publique.

Nous touchons donc au moment où toutes les productions de l’art
 
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