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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 1
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Lecoy de La Marche, Albert: L' Académie de France à Rome d'après la correspondance de ses directeurs, [4]: (1666 - 1792)
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0073
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66

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

chaque année. Cet abbé est neveu de feu M. Mansart. Les autres sont
deux peintres et un sculpteur1, lequel s’est mis depuis un an à dessiner
de l’architecture. Il y a trois mois qu’il concourut parmi les jeunes éco-
liers de l’Accadémie de Saint-Luc et emporta le premier prix. Quant au
dehors, je continuerai, s’il vous plaît, d’avoir l’honneur de vous dire
que le peu d’éducation de quelques pensionnaires, qui sans aucun égard
ont gâté, à ce que l’on dit, des ouvrages de Raphaël et autres, a obligé
le pape à faire fermer le Vatican; les princes et cardinaux ont fait, à
son exemple, la même chose de leur palais... Je crois et suis persuadé
que, si le bon Dieu bénit les armes de notre grand monarque, ainsi que
je l’espère, et que Philippe V soit maître de l’Espagne, je suis seur que
nous serons receus à bras ouverts dans tous les palais ; car j’ai remarqué
que les difficultés sont devenues insurmontables depuis les disgrâces de
Barcelone et Turin. Gagnons quelques batailles, prenons quelques villes
de considération : l’on viendra au-devant de nous, et nous serons, pour
ainsi dire, les maîtres de tous les palais 2.

23 mars 1709.

M. l’ambassadeur d’Espagne a fait partir presque tous ses équipages
et se dispose à les suivre dans peu de tems. M. le cardinal Deljudice se
prépare à faire la même chose, et l’on croit que Son Éminence M. le
cardinal de la Trémoille s’en ira aussi. Ce qui est de certain est que,
depuis douze jours, cette Eminence ne va point chez le pape ni aux fonc-
tions publiques, et que, lorsqu’on lui parle de son départ, elle n’asseure
ni le pour ni le contre. Si nos ministres s’en retournoient, monseigneur,
je crois qu’il seroit difficile que l’Accadémie pust subsister à Rome : nous
n’y sommes pas assez bien voulus pour n’y être pas exposés à des ava-

1. Blanchard, Nattier et Villeneuve. Ces trois artistes, qui ne travaillaient plus,
reçurent leur congé au commencement de l’année suivante. Ainsi l’Académie,
qui se trouvait pour ainsi dire sans pensionnaires depuis un certain temps, n’en
eut plus un seul, en réalité, du mois d’avril au mois d’octobre 1709. On alléguait à
Poerson qu’on ne trouvait pas de jeunes gens assez habiles pour être envoyés à Rome.

2. Le duc d’Antin répondit à cette lettre en ordonnant à Poerson de rétablir seule-
ment le maître de mathématiques, de faire travailler les pensionnaires pour le roi, de
renvoyer l’abbé Hardouin, et de redoubler d’activité. Il écrivit en même temps à l’abbé
de Polignac, qui avait beaucoup de crédit à Rome, pour le prier de protéger et de
surveiller l’Académie, « exposée, dit-il, à d’étranges accidents faute d'argent, et en
mauvais état. » L’abbé de Polignac (plus tard cardinal), qui voyait avec peine la déca-
dence de cette institution et qui estimait Poerson, s’acquitta de la tâche avec empres-
sement (17 juin, 28 juillet, 21 août 1708).
 
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