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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 5
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Wallenstein, ...: Salon de Bruxelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0479

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SALON DE BRUXELLES

e n’est pas une tâche précisément aisée ni agréable que de parler do
de l’exposition do celte année!

Comme toujours, on avait construit une série de baraques en plan-
ches , recouvertes do toiles peintes sur lesquelles les barbouilleurs de
l’entreprise avaient figuré dos portiques avec colonnes et frontons; le
vent enleva promptement ces fragiles décors, et toutes ces bâtisses en charpente res-
semblaient plus à un théâtre de foire qu’à un local destiné à recevoir les œuvres
des continuateurs des van Eyck, de Rubens et de Teniers.

Un rapide coup d’œil jeté dans ces salles, où plus de quinze cents cadres avaient
été réunis, donnait promptement à penser que le contenu était digne du contenant.
Ce n’est qu’avec peine que l’on trouvait de ces œuvres qui vous arrêtent malgré vous,
qui saisissent à la fois l’esprit et le cœur, qui vous empoignent en un mot, pour me
servir d’une expression peut-être trop familière, mais à coup sûr expressive. De
toutes parts le regard rencontrait les plus déplorables œuvres que puissent enfanter
des cerveaux malades; une salle d’hôpital, où toutes les infirmités du corps humain
seraient étalées sous vos yeux, doit produire le même effet. Comment un jury chargé
de choisir ce qui était digne d'être montré au public a-t-il osé admettre des monstruo-
sités pareilles à celles qui se voyaient dans chaque salle? Il y a là un système d’indul-
gence coupable bien fait pour dégoûter le visiteur et corrompre son goût. Mais aussi
les expositions sont-elles aujourd’hui des concours où chaque artiste vienne dans
toute la plénitude de son indépendance apporter l’œuvre qui résume sa pensée et ses
efforts? Hélas! non; les expositions sont plutôt des marchés où les marchands instal-
lent ce qu’ils ont commandé et inspiré pour les convenances de leur clientèle;
les tableaux sont devenus une marchandise courante qu’il faut fournir suivant les
caprices do l’acheteur, l’artiste n’impose plus son goût, il doit subir celui des autres.
Cette double dépendance vis-à-vis de l’acheteur et du détaillant, si fatale au dévelop-
pement du talent, est due à la mode d’avoir des objets d’art qui s’est emparée de tout le
monde. Jadis les amateurs achetaient poussés par un penchant naturel, généralement
doublé d’un goût sûr; aujourd’hui on achète pour faire comme son voisin, sans pas-
sion, sans savoir, et l’on confie à l’expert, au marchand, le soin de diriger votre goût,
ce qu’il fait au mieux de son intérêt. L’avenir dira si cette voie est la bonne, si la
sincérité de nos pères n’était que folie, et si nos jugements seront ratifiés par la pos-
térité, comme nous avons ratifié presque toujours ceux du passé.
 
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