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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 3
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Lavoix, Henri: Les portraits de Molière
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0241

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232

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

se donner la peine de les vérifier. De l’œuvre de Grimarest il fit un élé-
gant résumé qui n’eut d’autre mérite que celui de ce style clair et rapide
de Voltaire. Les biographies à la suite se sont plus ou moins heureuse-
ment brodées sur ce fond toujours le même de Grimarest. Acceptée de la
sorte, la vie de Molière resta en l’état pendant tout le xvin“ siècle et
plus avant encore. Or en 1821, un commissaire de police, un curieux de
Molière, porta dans ses recherches sur le poète cet esprit d’investigation
qui lui venait peut-être des habitudes de sa position, et compulsa avec
soin les archives de l’état civil de Paris. Sur les registres des paroisses
de’Saint-Eustache, de Saint-Germain-l’Auxerrois, de Saint-Paul, etc.,
Beffara releva des actes authentiques, et dès lors furent rectifiées des
erreurs qui depuis plus de cent ans avaient acquis comme'un droit de
possession dans la biographie de Molière.

Il résultait des découvertes de Beffara toute une généalogie incon-
testable du poète. Molière, né en 1622, et non en 1620, dans la rue
Saint-Honoré et non sous les piliers des Halles, comme le voulait l’opi-
nion commune, avait eu pour mère, non Anne Boudet ainsi que cela était
reçu depuis Grimarest, mais Marie Gressé.

Enfin, il avait épousé Àrmande-Grésinde Béjart le 20 février 1662,
comme l’indiquait l’extrait de l’acte de mariage. A ces pièces venaient
se joindre encore les actes de baptême des trois enfants de Molière et
d’Armande Béjart.

La vie du grand poète s’appuyait dès lors sur des actes authentiques.
La voie était indiquée ; c’était à ces sources officielles qu’il fallait puiser
pour donner à cette importante biographie un caractère irréfragable. De
toutes les critiques faites contre Grimarest, celle-là, ses preuves à la
main, était certes la meilleure. La méthode d’information était donnée,
on se mit à rectifier des faits nouveaux. Les points à rechercher dans
cette biographie si discutée, l’inconnue à dégager se résumait dans une
époque. Du jour où Molière fixé à Paris avec sa troupe avait donné

Y Étourdi, au théâtre du Petit - Bourbon, c’est-à-dire à partir du
3 novembre 1658 jusqu’au moment où il fut emporté mourant après la
représentation du Malade imaginaire, sa vie se suit tout entière dans
son œuvre pendant ces quinze années passées à la cour et à Paris. Mais
de 16A5, c’est-à-dire de cette année de laquelle dataient ses débuts à

Y Illustre théâtre, jusqu’à l’époque où Monsieur prenait sous sa protection
la troupe de Molière, qu’était devenu le comédien nomade, le jeune avo-
cat qui, au sortir de l’école, courut treize années par les provinces?

Cette jeunesse de Molière, ce roman comique d’un poète de vingt
ans s’échappant de la maison paternelle, on les connaissait dans leur
 
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