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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 3
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Montrosier, Eugène: L' art en Angleterre: exposition de L'Académie Royale en 1873
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0259

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2f|6

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Nous voudrions voir nos artistes suivre l’exemple de leurs confrères
de Londres et jeter, eux aussi, les bases d’une société semblable. Ils arri-
veraient ainsi à posséder une liberté d’action absolue qui ne pourrait
qu’être profitable à la masse des intéressés, et plus tard, quand ils seraient
organisés, ils pourraient sauver de la misère bien des familles désarmées
pour la lutte de la vie aussitôt que leur chef leur a été enlevé 1.

II.

M. Millais, un des peintres les mieux posés à Londres, n’a pas tou-
jours été ce qu’il est aujourd’hui. L’évolution qu’il a fait subir à sa
manière est curieuse à signaler, car il fut le chef de la secte des pré-
raphaélistes. Cette période de sa vie nous le fait voir timide, hésitant,
perdu dans des rêves mystiques, à la recherche d’un idéal incompré-
hensible, menacé, en un mot, de sacrifier dans des luttes stériles les
qualités exceptionnelles dont la nature l’avait doué. Ce résultat pénible,
mais fatal, se serait produit si la lumière d’en haut, la vraie, n’avait
illuminé son âme et dessillé ses yeux. Nouveau saint Paul, il marcha
sur le chemin de Damas, et, subitement converti, il brûla les dieux
adorés par lui, renversant l’autel qui les avait portés et dispersant leurs
cendres aux quatre vents du ciel.

De la vérité spiritualiste il passa à la vérité réaliste avec une impé-
tuosité que les années n’ont pas adoucie. Après avoir tenté de voir en
dedans, il. veut à présent voir en dehors, et, dans cette incarnation der-
nière, il accentue l’étude de la vérité jusqu’à l’exagération.

Il a des dons qui le placent hors de pair. Avant tout, une confiance
superbe en soi qui se révèle par mille détails. Sa palette est d’une roue-
rie étourdissante. Aveugler le public, n’esl-ce pas le meilleur moyen
d’en faire son esclave ? Ses toiles enlevées de verve, à la diable, ont de
l’apparence plus que du fond. C’est un peintre, mais ce n’est pas le
grand artiste que l’Angleterre couronne de lauriers.

On pourrait reprocher à la tête fine et intelligente de Mme Bischoffs-
hcim quelques fautes de dessin, trouver que les mains manquent de
grâce et de souplesse; pourtant l’on se déclare vaincu par la maestria

1. L’idée que nous formulons va peut-être se réaliser telle que nous l’avons émise.
A la date du jeudi 17 juillet dernier, le recueil des Pelites Affiches a enregistré, sous
le n° 2,739. la constitution d’une société artistique ayant pour objet do faire des
expositions annuelles et de faciliter aux artistes la vente de leurs œuvres.
 
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