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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 4
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Viardot, Louis: De la destruction des œuvres d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0408

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DE LA

DESTRUCTION DES OEUVRES D’ART

’incendie du Panlechnicon de Londres vient de détruire un grand
nombre d’objets d’art. On peut se consoler de voir disparaître, fût-ce
par centaines, des voitures et des pianos, car les matériaux pour les
reconstruire, pas plus que les ouvriers, ne manquent point au monde.
On peut dire comme le grand vizir de Sélim II, après la stérile vic-
toire de Lépante : « Les chrétiens nous ont détruit des vaisseaux;
c’est comme s’ils nous avaient coupé la barbe, qui repousse toute seule; » et l’on
aurait ajouté comme lui, si les tableaux, les statues et les gravures eussent été sauvés:
« Mais nous avons gardé l’île de Chypre. » Hélas! non; tout a péri, l’île avec les
vaisseaux, et rien ne pourra nous rendre les œuvres d’art que les flammes viennent
de dévorer.

On est heureusement rassuré sur le sort de la riche galerie du bienfaisant sir Richard
Wallace; elle est en sûreté dans le musée de Bethnal Green. Mais il y avait là d’autres
collections entières, des collections rivales de nos musées publics : par exemple,
celle de M. Wynn-Ellis, riche marchand de soieries de la Cité, qui, sur ce terrain
de la curiosité, luttait de luxe et de goût avec les plus opulents des chefs de
l’aristocratie nobiliaire. Ainsi, il possédait un Hobbema de premier ordre, qui
l’emportait peut-être sur ceux du marquis de Westminster, et pouvait rivaliser même
avec celui, presque sans pair, acquis récemment par le comte de Dudley, Dieu sait à
quel prix! Mais M. Wynn Ellis affectionnait surtout Albert Cuyp, ce grand Hollandais
longtemps méconnu, même dans sa patrie, qui s’est laissé enlever les plus belles œuvres
de son illustre enfant, cet Albert Cuyp que les Anglais ont réhabilité les premiers, aux
débuts du siècle, en l’appelant le Claude hollandais, et dont ils ont accaparé les
ouvrages comme ceux du vrai Claude, notre Lorrain. M. Wynn Ellis achetait tous les
Cuyp qui paraissaient aux ventes de Londres, et j’en sais quelque chose pour lui avoir
vainement disputé aux enchères des toiles d’un prix abordable à la bourse d un simple
écrivain. Certes, s’il est vrai, par malheur, que la collection de M. Wynn Ellis ait péri
tout entière, on peut affirmer qu’un quart peut-être des plus belles œuvres de Cuyp a
disparu du monde.

Ce déplorable sinistre réveille d’autres regrets et nous remet d’autres pertes en mé-
moire. Quand l’Opéra de Paris brûlait, il y a peu de mois, ce ne sont pas seulement des
 
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