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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Charles Gleyre, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0252
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240 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

caractère individuel, valaient mieux encore par le sentiment. Pour ceux
qui jugeaient alors les œuvres d'art, Gleyre venait de faire un grand pas.
Telle était du moins l'opinion de Planche. « L'idéal, écrit-il, a pris pos-
session de la toile. C'est un progrès évident que je signale avec bonheur.
Saint Jean dans l'île de Pathmos n'était que l'imitation fidèle, l'imitation
littérale d'un modèle réel ; clans la Séparation des Apôtres, le style de
l'auteur s'est agrandi. Variété de physionomies, variété d'attitudes,
variété de draperies, tout démontre les études profondes dont il s'est
nourri. » Pour nous, qui appartenions alors, par nos aspirations du
moins, à la grande « boutique romantique », nous trouvions ce tableau
un peu gris et décoloré, mais nous n'étions pas assez aveugle pour ne
point y reconnaître la trace d'un effort nouveau, un style plus personnel
et plus écrit. Le sentimentalisme adouci qui avait fait le succès du Soir
cédait la place à une inspiration plus mâle. Les intentions n'étaient pas
moins ingénieuses ; elles étaient plus lisibles, et dans les adieux qu'échan-
geaient les saints voyageurs, il y avait à la fois de la résolution et de la
tendresse.

Après une rapide excursion dans l'Italie du Nord1, après avoir revu
Venise, trop oubliée dans le Départ des Apôtres, Gleyre se remit au
travail. Nous ne pouvons dater exactement ni la Nymphe Écho, ni le
Major Davel. A peine achevé, le premier de ces tableaux passa la
frontière, et quelques amis ont seuls pu l'entrevoir. Les textes ne sont
pas d'accord sur les destinées de cette Nymphe. Vapereau assure qu'elle
fut acquise par la Russie. Planche, qui écrit en 1851, croit savoir qu'elle
est chez un banquier de Cologne. « Le type choisi, dit-il, est celui d'une
jeune fille âgée de seize ans. La figure, vue de dos, ne laisse aperce-
voir que le profil du visage. La nymphe appelle Narcisse et, pour enfler
sa voix, porte sa main à ses lèvres. Toutes les parties de ce beau corps,
depuis les pieds jusqu'aux épaules, sont rendues avec une précision, une
pureté que les plus habiles auraient grand'peine à dépasser. Le specta-
teur, en caressant du regard le dos et les hanches de cette nymphe, com-
prend que tous ses mouvements sont réglés par une divine harmonie. »
Nous avons le regret de ne pas connaître ce tableau, qui n'a été ni pho-
tographié ni gravé.

Mais nous avons vu au musée de Lausanne la Mort du major Davel.
Gleyre était toujours resté fidèle à son pays : il en savait la noble his-
toire, il honorait ses héros et ses martyrs. Je rappelle, pour ceux qui l'ont
oublié, que Jean-Daniel Davel, après s'être fort distingué lors des

\. « M. Gleyre est parti pour Venise, » dit l'Artiste du 5 octobre 1845.
 
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