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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 5
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Heuzey, Léon Alexandre: Les fragments de Tarse au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0414

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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

un ciel brûlant. Tarse s’étendait sur l’une et l’autre.rive; on comparait
ses habitants à des oiseaux aquatiques, groupés sur les bords du fleuve
et s’enivrant de la fraîcheur de ses eaux. Et cette ville admirable était
placée à peu de distance de la mer, vers le point où elle s’enfonce pro-
fondément entre les côtes de l’Asie Mineure et celles de la Syrie ! On
comprend qu’un pareil lieu soit devenu de bonne heure un centre
d’échanges et de relations des plus importants entre les populations si
diverses et si curieuses de ces régions antiques, Phrygiens, Leucosyriens
de la Gappadoce, Sémites de la Syrie et de la Mésopotamie, Phéniciens,
Cypriotes. Plusieurs traditions, et le nom d’Hypachéens porté d’abord
par les habitants de la Cilicie, semblent attester aussi le mélange de cer-
tains éléments de race grecque ou pélasgique qui s’étaient portés, dès
une haute antiquité, vers cet angle extrême de la Méditerranée.

La forte position stratégique de Tarse, sur le grand chemin de l’Asie
centrale, entre les Portes Ciliciennes et les défdés de l’Amanus, devait
aussi attirer de bonne heure l’attention des maîtres de l’Orient. D’après le
témoignage très-sérieux de Bérose, ce fut Sennachérib, roi d’Assyrie, qui
en fit, au vne siècle, une place de guerre de premier ordre, en l’entou-
rant, suivant le système babylonien, d’un grand carré de murailles,
coupé en deux par le fleuve. Il y avait bâti un temple, sans doute aussi
un palais, et fait ériger sa propre image, portant une inscription en
lettres chaldéennes, qui rappelait la fondation de la ville et la conquête
du littoral sur les flottes grecques qui rôdaient dans ces parages. Peut-
être ne faut-il voir qu’un souvenir populaire des mêmes faits dans la
légende qui attribuait la fondation de Tarse au problématique Sardana-
pale. Le fameux bas-relief de pierre, tu-oç Xiôtvoç, que les compagnons
d’Alexandre prirent plus tard pour le tombeau de ce roi fainéant et sur
lequel ils croyaient le voir claquant des doigts en signe d’insouciant
mépris, pourrait bien n’avoir été qu’une stèle royale, comme celles où les
monarques assyriens aimaient à se faire représenter, dans leur costume
sacerdotal, le bras droit levé, le pouce abaissé sur l’index, ce qui était
chez eux un geste d’adoration.

Quelques archéologues ont préféré chercher l’origine de cette légende
dans un autre monument, également asiatique, dont l’existence à Tarse
nous est attestée par les monnaies, jusque sous les empereurs romains 1.
C’est la figure d’un dieu, en costume assyrien, le carquois à l’épaule,
debout sur une sorte de chimère ou de lion cornu : tels se montrent
souvent, portés par des animaux symboliques, les dieux des cylindres 4

4. Voir la figure \.
 
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