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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 6
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Mantz, Paul: André del Sarte, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0498

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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point inventé. On ne manque pas de respect à un artiste en disant qu’il
a des origines mélangées, et qu’il y a dans le parfum qu’exhale son âme
d’autres parfums inconsciemment empruntés à l’âme Bottante des con-
temporains et des ancêtres. Le génie d’André, qui d’abord semble tout
d’une venue parce qu’il est facile, et qui paraît avoir la spontanéité de
la fleur, est fait de complications associées. On essayera d’expliquer
et d’analyser les éléments, admirables et divers, qu’il a mis en œuvre,
presque sans le savoir, pour constituer un ensemble si harmonieux et si
attendri qu’on est tenté de le proclamer original.

En même temps on racontera la vie d’André del Sarte, ou du moins
ce qu’on a pu en apprendre dans les vieux livres, dans les peintures
datées et dans les nouveaux documents, bien rares encore, que les
savants ont exhumés des anciennes archives. Vasari, qui a connu André
del Sarte et qui a même eu l’honneur de travailler chez lui, sera natu-
rellement consulté et interrogé à chaque page ; mais Vasari est trop
amusant pour n’être pas un peu désordonné; il a fort embrouillé la
chronologie des œuvres de son maître; il a même parlé de son caractère
en homme trop persuadé que l’ingratitude est une forme spirituelle de
la reconnaissance. On est résolu à introduire un peu d’ordre, un peu
d’ennui s’il le faut, dans son caprice; et, bien que l’entreprise ne soit
pas toujours aisée, on suivra le plus possible le rigide sentier de l’his-
toire.

I.

Toute recherche de pure érudition serait ici déplacée. Il est pourtant
nécessaire de dire comment les biographes, lancés sur une fausse piste,
ont pendant près de deux siècles donné à André del Sarte un nom qui
n’était pas le sien. Il ne s’est jamais appelé Andrea Vannucchi. Cette
ancienne erreur a déjà été relevée; mais elle doit être rectifiée une fois
de plus, puisque certains catalogues et des dictionnaires qui sont d’hier
se laissent tromper encore. Un monogramme trop légèrement lu paraît
avoir causé tout le mal.

Il y a toujours eu des esprits ingénieux qui, sachant peu l’histoire,
prennent le parti de l’inventer. Lorsque, en 1677, Giovanni Cinelli ac-
commoda à la mode nouvelle la description de Florence de Bocchi, Le
Belle zze clella città di Firenze, il ne laissa échapper aucune occasion de
célébrer André del Sarte, qui lui semble dépasser Michel-Ange et Raphaël
et que son enthousiasme considère comme un antre Prométhée. Ces
élans de rhétorique ne sont pas dangereux, mais Cinelli est moins
 
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