Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 13.1876)

MICHEL-ANGE, POETE.

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plaideraient-elles pas mieux sa cause que des tableaux, des statues, des
monuments? Cette âme hautaine qui a étonné les hommes par sa fierté,
qui a souvent résisté aux plus puissants d’entre eux, offre ainsi à Dieu
le sacrifice de son orgueil et au monde le spectacle de la vertu à laquelle
elle est le moins préparée, de l’humilité chrétienne. La religion ne rem-
porte guère de plus belle victoire. Dante lui-même, auquel Michel-Ange
ressemble par tant de traits de son caractère, n’en est point arrivé à ce
degré de soumission et de repentir; jusque dans l’aveu de ses fautes et
dans l’expression de ses remords, aux pieds de Béatrix, perce malgré lui,
comme un accent de révolte, le sentiment de ce que valent la naissance,
le génie, la gloire. Ces attaches humaines, dont Alighieri ne réussit pas à
se dégager entièrement, Michel-Ange les brise dans la simplicité de sa
foi, sans même s’apercevoir du sacrifice qu’il accomplit, tant les choses de
la terre lui paraissent éloignées et misérables, de la hauteur d’où il les
regarde.

A. MÉZIÈRES.