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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

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Nr. 2
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Barbet de Jouy, Henri: La porte de Crémone au Louvre, 1, Notice historique
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https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0325

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

3 U

lorsqu’il y a près cl’un an je fus instruit de cet acte hardi. L’ami qui
m’en parlait et que son goût délicat prédisposait à s’intéresser au succès
est M. Bonnaffé : il venait d’acquérir les droits les plus légitimes à notre
confiance par le don généreux fait au Louvre de la belle tête d’apôtre,
œuvre du xme siècle, aujourd’hui l’un des morceaux les plus précieux de
notre Musée français. 11 me dit quels obstacles avait surmontés M. Vaïsse,
quelles résistances il avait dû vaincre; comment, acquéreur pour un
prix élevé, et mis en présence de la municipalité de Crémone qui voulait
exercer le droit de préemption, il offrit courtoisement à la ville un mou-
lage de l’œuvre sculptée ; comment les opérations de l'estampage et celles
de la dépose du portail furent exécutées simultanément, avec quelles
précautions, avec quelle réussite.

Les agrandissements des villes, les travaux de voirie, ceux parti-
culièrement des chemins de fer qui déplacent les centres et motivent des
démolitions, dégagent momentanément des sculptures, quelquefois excel-
lentes, longtemps immobilisées dans des constructions civiles. Le devoir
des Musées est de les recueillir et, en leur offrant un abri plus sûr, de
prolonger leur existence. Je pourrais comme exemple citer, à Milan, la
porte de la banque des Médicis que les voyageurs, jusqu’en 1863,
allaient voir dans la rue dei Bossi : la commune, à laquelle s’était
jointe une souscription nationale, l’acheta, et, depuis lors, elle est placée
dans le Musée archéologique du Brera. A Crémone, une destinée sem-
blable était imminente pour le portail du palais des Stanga, moder-
nisé au xvne siècle, voisin aujourd’hui d’une station de chemin de fer.
D’autres l’eussent acquis; M. Vaïsse fut le plus clairvoyant et le plus
prompt. Au mois d’août dernier, on pouvait voir, dans la maison de
M. Guitton, 26, rue Poncelet, à Paris, la porte des Stanga, sorte d’arc de
triomphe, adossée à la muraille de son vaste atelier, l’occupant en en-
tier. L’élévation en est telle que le sol avait dû être abaissé de la
profondeur de trois marches. Les artistes et les amateurs se succédaient
dans la maison de M. Guitton, discutaient et appréciaient toute la valeur
de l’œuvre; l’un des premiers fut le Directeur des musées nationaux
qui, sans plus attendre, fit à M. Vaïsse une offre que celui-ci accepta.

Pour conclure dans des termes raisonnables une négociation de cette
nature il a fallu trouver en M. Vaïsse plus de modération qu’il n’est per-
mis d’en espérer et qu’on ne rencontre d’habitude ; les œuvres d’art, à
quelqu’ordre quelles appartiennent, lorsqu’elles sont classées aux pre-
miers rangs, atteignent de nos jours des prix qu’en d’autres temps on
n’eût pas supposés : nous avons su quelles offres allaient être faites et, par
des exemples récents, nous savions quelles elles pourraient être.
 
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