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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

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Nr. 2
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Lenormant, François: Les antiquités de la Troade, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0358

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346

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

disposition très-fortement prévenue contre, que je l’ai abordée; mais mes
préventions ont dû céder devant l’évidence du fait. 11 y a bien des
inscriptions sur plusieurs des objets les plus anciens exhumés à Hissar-
lik; ces inscriptions sont conçues avec une écriture que l’on connaît ail-
leurs, dans la même région; par conséquent on peut donner au moins
d’une partie d’entre elles des déchiffrements tout à fait sérieux au point
de vue scientifique et qui approchent beaucoup de la certitude.

Un semblable fait vient à l’encontre des idées habituellement reçues.
Malgré des témoignages très-sérieux de l’antiquité, comme celui d’Héro-
dote, depuis les travaux de Wolf et de son école, c’est presque un point
de doctrine, que l’ignorance absolue de l’écriture où auraient encore été
les Grecs et les populations voisines à l’époque de la composition des
poésies homériques et que l’impossibilité de voir des lettres dans les
GvqjiaTa Xuypà de Y Iliade. Il y a donc un véritable préjugé à vaincre pour
faire accepter l’idée de l’existence de l’écriture chez les habitants de la
Troade dans un état de civilisation bien plus ancien et bien plus rudi-
mentaire que celui des rapsodies homériques. Ceci rend nécessaire de
grouper autour du fait en lui-même toutes les circonstances corrobora-
tives qui doivent le faire admettre, en dépit de ce que l’on pensait aupa-
ravant.

En 185*2, l’illustre et si regrettable duc de Luynes publia, sous le
titre de Numismatique et Inscriptions cypriotes, un ouvrage qui a fait
époque dans l’histoire de la science. Il y révélait l’existence en Chypre
d’une écriture absolument particulière, conservée dans l’usage jusqu’à
l’époque d’Alexandre et n’ayant rien de commun avec les alphabets de
la Phénicie et de la Grèce. Les monuments de cette écriture étaient des
monnaies, restées longtemps sans un classement certain, et des inscrip-
tions, dont la plus importante gravée sur une table de bronze décou-
verte clans les ruines de l’ancienne Idalium; elle est actuellement au
cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale avec tous les trésors
de la collection de Luynes. Déjà les monuments publiés alors montraient
dans cette écriture un nombre de signes trop considérable (on en relevait
cinquante) pour qu’il fût possible d’admettre qu’elle eût été proprement
et exclusivement alphabétique.

Depuis lors l’épigraphie cypriote vit ses séries se multiplier rapide-
ment, grâce surtout aux recherches et aux fouilles de M. le comte de
Vogüé, de M. Lang, consul d’Angleterre à Larnaca, et de M. le géné-
ral de Cesnola, consul des États-Unis dans la même ville, dont la belle
collection est maintenant au Musée métropolitain de New-York. Mais ces
inscriptions restaient toujours lettre absolument close jusqu’à l’envoi que
 
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