L'ARCHITECTURE AU SALON DE 1876.
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paraît que tout en bas ; c’est la construction qui reste maîtresse et qui le
rapetisse par sa grandeur.
Sur la cour, la façade de cette aile de Longueville est la belle partie
du château. A ses extrémités sont les deux grands escaliers non saillants
qui couvrent des étages de leurs baies sans fenêtres la hauteur entière
de l’édifice sur la largeur de deux travées. La petite porte de la salle
des gardes s’ouvre entre eux au milieu du rez-de-chaussée.
Dans tous deux la cage même et la montée des degrés sont en
arrière, de manière à laisser en façade un étagement de balcons couverts.
Rien de plus heureux que cette belle disposition qui, sans saillie
et malgré le maintien du plan de la muraille, la perce du jeu de
leurs ouvertures en anses de panier. Celui de gauche qui n’a que deux
balcons est le plus ancien; il est encore orné à la gothique de dessins
aveugles, aussi élégants que les meneaux flamboyants de l’ogive supé-
rieure des fenêtres du même temps. Celui de droite est plus récent et
plus riche encore. Il n’a que des balcons ouverts, et il domine la
toiture par une surélévation flanquée de deux tourelles qui se détachent
sur le toit.
L’ornementation intérieure de cet escalier est postérieure aux balcons
de la cour, et descend jusqu’au règne de François 1er, aux environs
de 1530 par exemple. Mais là devait s’arrêter la splendeur du château.
Après la fenêtre unique, qui se trouve à la droite de cet escalier, les
murs s’interrompent, mais sans façade véritable sur le côté étroit, et les
deux murailles, non parées dans leur épaisseur, sont encore en arrache-
ment. Évidemment cela a été construit pour être continué, je croirais
même d’une construction aussi longue que celle qui existe, et le bel esca-
lier devait être le centre de l’aile avec la répétition d’un troisième grand
escalier à l’extrémité de ce qui n’a pas été bâti pour faire pendant à
celui du fond de la cour.
J’ai parlé longuement de Châteaudun avec le regret de n’en pas dire
encore davantage, mais j’espère que mes lecteurs me pardonneront. De
même que les croquis de MM. Lameire, Bruyerre et Corroyer leur auront
rappelé ou fait connaître quelques-uns des travaux qui honorent le Salon
d’architecture, de même les croquis de M. Boudier leur montreront que
mon admiration pour Châteaudun n’a rien d’exagéré. M. Coudray a con-
sacré en 1871 un petit volume à sa description et à son histoire; le monu-
ment mériterait une grande monographie architecturale, dont la base
serait le travail de M. Boudier.
ANATOLE DE MONTAIGLON.
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paraît que tout en bas ; c’est la construction qui reste maîtresse et qui le
rapetisse par sa grandeur.
Sur la cour, la façade de cette aile de Longueville est la belle partie
du château. A ses extrémités sont les deux grands escaliers non saillants
qui couvrent des étages de leurs baies sans fenêtres la hauteur entière
de l’édifice sur la largeur de deux travées. La petite porte de la salle
des gardes s’ouvre entre eux au milieu du rez-de-chaussée.
Dans tous deux la cage même et la montée des degrés sont en
arrière, de manière à laisser en façade un étagement de balcons couverts.
Rien de plus heureux que cette belle disposition qui, sans saillie
et malgré le maintien du plan de la muraille, la perce du jeu de
leurs ouvertures en anses de panier. Celui de gauche qui n’a que deux
balcons est le plus ancien; il est encore orné à la gothique de dessins
aveugles, aussi élégants que les meneaux flamboyants de l’ogive supé-
rieure des fenêtres du même temps. Celui de droite est plus récent et
plus riche encore. Il n’a que des balcons ouverts, et il domine la
toiture par une surélévation flanquée de deux tourelles qui se détachent
sur le toit.
L’ornementation intérieure de cet escalier est postérieure aux balcons
de la cour, et descend jusqu’au règne de François 1er, aux environs
de 1530 par exemple. Mais là devait s’arrêter la splendeur du château.
Après la fenêtre unique, qui se trouve à la droite de cet escalier, les
murs s’interrompent, mais sans façade véritable sur le côté étroit, et les
deux murailles, non parées dans leur épaisseur, sont encore en arrache-
ment. Évidemment cela a été construit pour être continué, je croirais
même d’une construction aussi longue que celle qui existe, et le bel esca-
lier devait être le centre de l’aile avec la répétition d’un troisième grand
escalier à l’extrémité de ce qui n’a pas été bâti pour faire pendant à
celui du fond de la cour.
J’ai parlé longuement de Châteaudun avec le regret de n’en pas dire
encore davantage, mais j’espère que mes lecteurs me pardonneront. De
même que les croquis de MM. Lameire, Bruyerre et Corroyer leur auront
rappelé ou fait connaître quelques-uns des travaux qui honorent le Salon
d’architecture, de même les croquis de M. Boudier leur montreront que
mon admiration pour Châteaudun n’a rien d’exagéré. M. Coudray a con-
sacré en 1871 un petit volume à sa description et à son histoire; le monu-
ment mériterait une grande monographie architecturale, dont la base
serait le travail de M. Boudier.
ANATOLE DE MONTAIGLON.