LES ARTS MUSULMANS.
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Ferrare avait sa via saracena• les Sarrasins de l’Asie et de l’Afrique
que leur commerce appelait à Venise étaient campés à la Madonna clair
Orto, dans un endroit connu sous le nom de Campicello clei Mori. Les
traités passés avec les sultans d’Egypte et de Tunis assuraient aux Arabes
qui venaient à Venise des privilèges semblables à ceux dont les Véni-
tiens jouissaient dans les villes musulmanes. Les Turcs avaient leur
demeure à San-Giacomo dall’Orto qui garde encore le nom de Fondaco
(Ici Turchi. Les Arméniens étaient établis dans la paroisse de San-Giuliano ;
les Persans dans un fondaco situé près du grand canal à Saint-Jean-
Chrysostome. Des familles persanes s’étaient établies à Venise; l’une
d’elles, la plus illustre, était d’Ispahan, elle avait nom Sceriman ; au
xvne siècle, sa maison de commerce était une des plus importantes de
l’Europe. L’illustre famille patricienne Boldu était d’origine persane.
L’histoire, qui ne s’inquiète guère de faciliter nos recherches dans
les infiniment petits de l’art, laisse échapper à peine quelques faits,
quelques noms. Mais elle donne çà et là quelques indications, et elles
nous suffisent.
Ainsi, mise en contact continuel avec les peuples du Levant, l’Italie
retrouve encore les Arabes sur son propre sol. Chez eux, elle s’inspire de
leurs arts, elle s’instruit de leurs industries; chez elle, elle les retrouve
encore. Faut-il donc s’étonner de voir se manifester à chaque pas cette
influence de l’ornementation orientale qui se répandit dans tous les arts,
depuis les œuvres élevées de la peinture, de l’architecture, jusqu’aux
moindres produits des arts industriels ?
HENRI LAVOIX.
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Ferrare avait sa via saracena• les Sarrasins de l’Asie et de l’Afrique
que leur commerce appelait à Venise étaient campés à la Madonna clair
Orto, dans un endroit connu sous le nom de Campicello clei Mori. Les
traités passés avec les sultans d’Egypte et de Tunis assuraient aux Arabes
qui venaient à Venise des privilèges semblables à ceux dont les Véni-
tiens jouissaient dans les villes musulmanes. Les Turcs avaient leur
demeure à San-Giacomo dall’Orto qui garde encore le nom de Fondaco
(Ici Turchi. Les Arméniens étaient établis dans la paroisse de San-Giuliano ;
les Persans dans un fondaco situé près du grand canal à Saint-Jean-
Chrysostome. Des familles persanes s’étaient établies à Venise; l’une
d’elles, la plus illustre, était d’Ispahan, elle avait nom Sceriman ; au
xvne siècle, sa maison de commerce était une des plus importantes de
l’Europe. L’illustre famille patricienne Boldu était d’origine persane.
L’histoire, qui ne s’inquiète guère de faciliter nos recherches dans
les infiniment petits de l’art, laisse échapper à peine quelques faits,
quelques noms. Mais elle donne çà et là quelques indications, et elles
nous suffisent.
Ainsi, mise en contact continuel avec les peuples du Levant, l’Italie
retrouve encore les Arabes sur son propre sol. Chez eux, elle s’inspire de
leurs arts, elle s’instruit de leurs industries; chez elle, elle les retrouve
encore. Faut-il donc s’étonner de voir se manifester à chaque pas cette
influence de l’ornementation orientale qui se répandit dans tous les arts,
depuis les œuvres élevées de la peinture, de l’architecture, jusqu’aux
moindres produits des arts industriels ?
HENRI LAVOIX.