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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: Exposition rétrospective de Lyon, [2], Exposition d'Angoulême
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0289

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EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE LYON.

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Trois grandes et belles tapisseries du xvc siècle, dont l’aspect est le môme que la
tenture du Roi Clovis de la cathédrale de Reims, exposées par M. Aynard, exercent
la sagacité des chercheurs d’énigmes. On y voit un Philippe et un Alexandre. Mais on
y aperçoit aussi un Nicholas qui envoie un tribut à Philippe et puis qui est tué deux
fois, d’abord d’une lance, puis d’une épée par Alexandre qui entre en vainqueur dans
une ville. Il ne saurait être question des deux rois de Macédoine. Est-il question d’un
Nicholas dans le Roman cl’Alexandre ? On pense qu’il peut s’agir d’Alexandre Sforza,
de Philippe Visconti et de Nicolas Piccinino qui comme condottiere du second fut le
constant adversaire du premier. Mais Piccinino mourut de paralysie dans son lit
en 1444 et non deux fois sur le champ de bataille.

Cependant il est possible qu’un dessinateur de cartons n’v ait pas regardé de si près
dans la composition de scènes dont il s’était tenu loin, car ces tapisseries nous
semblent plutôt flamandes qu’italiennes, tant par la composition que par la fabrication.
En tout cas elles présentent un grand intérêt si elles sont réellement historiques.

L’art du xvi° siècle, moitié italien, moitié flamand, comme dans la tenture du Ma-
riage du roi Oriens, appartenant à sir Richard Wallace, se reconnaît dans trois
grandes tapisseries qui ont dû faire une même tenture, bien que l’une des deux appar-
tienne à M. Paul Grand, l’autre à M. Lefrançois. Il y est question d’un mariage: celui
de rex latinus. L’influence italienne se fait sentir d’une façon absolue dans quatre
scènes et quatre fragments d’une Histoire de Psyché appartenant à M. Waïsse. Ce
sont des imitations libres des compositions que le « maître au dé » a gravées d’après
Raphaël, d’une exécution excellente mais flamande, ainsi que les bordures formées
de personnages sous des berceaux de feuillage, etc. C’est le style ou la pratique de
Jules Romain qui domine dans trois tapisseries où se heurtent de la façon ordinaire
les armures pompeuses des Romains et les costumes extravagants des Orientaux, mais
entourés de fort belles bordures flamandes; elles appartiennent à M. Châtel.

Dans le même style a été tissée une Résurrection exposée par Mme veuve Rougier.
La bordure surtout en est magnifique. Elle se compose, aux angles, des figures des
quatre évangélistes, séparées par des vases, des termes, etc., qui alternent avec des
bouquets de feuillages, sur un fond blanc jaune qui est le prolongement de celui du
sujet. Une longue frise exposée par M. Lowengard, et qui doit représenter Alexandre
et la famille de Darius, porte une signature qui nous apprend un nom nouveau et pa
suite l’existence d’un atelier hollandais. Là signature est celle-ci : franciscvs spirïn
givs fecit, dans la bordure. Or M. Rinehart, consulté par nous sur ce nom à propos
d’une autre tapisserie de la même suite, a bien voulu nous adresser les renseignements
suivants : « François Spierinck, tapissier à Anvers, fonda un atelier à Delft en 1592 et
y mourut en 1630. Il travailla sur les cartons de H. Corneille Vroom. Nagler le cite
comme graveur. Son fils Pierre lui succéda et livra, de 1620 à 1621, des tapisseries au
roi de Suède. François Spierinck était un tapissier habile, mais bien flamand, ains
que Corneille Vroom, pour exécuter des compositions héroïques avec quelque style.

Du xviic siècle nous trouvons une portière appartenant à M. Marius Coté, qui a pour
motif un Temps enchaîné sous un grand écu que l’on dit être celui de D. Luis de Haro.
Cette tapisserie, qui fut exposée en 1874 avec l’Hfeloire du costume, est signée :
D. TENIERS. 1640, par le peintre, et : G. V. LEEFDAEL FECIT, par le tapissier,
avec la marque de Rruxelles.Le triomphe d’Antoine et de Cléopâtre, grande composi-
tion dans le genre de celles de Le Brun, entourée d’une belle bordure de fleurs, montre
leur atelier flamand en lutte avec celui des Gobelins; elle appartient à M. Vail.
 
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