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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 3
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Havard, Henry: Carel Fabritius: l'état civil des maîtres hollandais
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0295

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L’ÉTAT CIVIL DES MAITRES HOLLANDAIS

CAREL FABRITIUS

o us ceux qui ont pratiqué les musées de Hollande se sou-
viennent de l’émotion que causa, il y a quelques années,
la découverte du nom de Fabritius sur un portrait
d’homme qu’on avait jusque-là attribué à Rembrandt.

Ce tableau appartenait au musée de Rotterdam, et la
plupart des critiques anglais, allemands et français avaient
admiré cette œuvre magistrale sans songer à mettre en
doute l’exactitude de cette attribution.

Théophile Gautier dans le Moniteur, M. Maxime Du
Camp dans la Bevne de Paris, M. Louis Viardot dans ses
Musées d’Angleterre, de Belgique et de Hollande (pour ne parler que de nos com-
patriotes), avaient porté l’œuvre aux nues. M. Maxime Du Camp avait déclaré qu’elle
valait à elle seule le voyage de Rotterdam, M. Viardot l’avait classée parmi « les grands
chefs-d’œuvre de Rembrandt », et tout cela n’était que justice. Ce portrait, ou plutôt
cette tête d’étude, est en effet une merveille de facture et d’exécution. Elle représente
un homme du peuple, à la figure énergique, rude, inculte, avec un front mal peigné,
des traits et des méplats brutalement accentués, les arcades sourcilières enfoncées, la
bouche forte, le menton solide et carré. C’est assez dire que le modèle n’est pas beau,
mais tout cela est admirablement charpenté, bâti de main de maître et brossé avec
une bravoure incroyable de pinceau.

A travers la chemise entr’ouverte apparaît une poitrine poilue, velue. Le cou est
nu. Sur les épaules, le peintre a drapé une veste brune, et cette figure étonnante de
relief, de vérité et de force, sauvage, et par sa sauvagerie se rapprochant de Ribéra,
s’enlève sur un de ces fonds neutres tirant sur le vert, dont Rembrandt a su faire un si
merveilleux usage dans certains de ses portraits et notamment dans celui que nous
avons baptisé ici même la Femme d’Utrecht.

A toutes ces qualités indiquant un maître de premier ordre, venait s’ajouter une
superbe signature de Rembrandt. Allez donc, après cela, suspecter l’authenticité
d’une œuvre pareille. Cependant M. Lamme, le directeur du musée, plus sceptique, à
ce qu’il paraît, que les critiques qui avaient défilé devant l’œuvre, se prit à douter de
la signature qui lui semblait trop belle. Il avisa quelques repeints maladroits qui se
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