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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 1
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Havard, Henry: Michiel van Mierevelt, [1]: l'état civil des maîtres hollandais
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0091

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MICHIEL VAN MIEREVELT.

79

C'est, en effet, dans les archives des Chambres d'orphelins (Weeskamers) que
nous retrouvons aujourd'hui ces précieux documents. Et ces Chambres d'orphelins,
relevant des diverses communions qui se partageaient la ville, avaient un caractère à
la fois municipal et religieux participant du « Magistrat » qui administrait la cité et de
la Diaconie qui gouvernait l'Église.

J'avais cherché dans les différentes archives municipales que j'ai visitées en
Hollande, des traces de ces précieuses Chambres et des documents qu'elles avaient dû
laisser après elles. Je n'en avais point rencontré, aussi quand je retrouvai tous ces
documents concentrés aux Archives royales de la Haye, quand M. Hingman, le con-
servateur des Chartes, m'introduisit dans la galerie qui leur sert de dépôt et me mon-
trant une chaise et une table me dit : « Vous êtes chez vous », j'avoue que je tres-
saillis d'aise et que mon cœur battit plus vite.

Je pressentais, en effet, la découverte de trésors. Figurez-vous une longue galerie,
divisée jadis en quatre vastes salles, historiques hélas! car c'est là qu'Oldenbarneveld,
Hoogerbeets et Grotius furent enfermés pendant la durée de leur procès ;et cette gale-
rie tapissée du haut en bas de dossiers poudreux et partagée dans toute sa longueur
par deux gigantesques casiers formant deux longues murailles bourrées de documents
vénérables. N'y avait-il point là de quoi être ému?

Tout naturellement c'est sur Delft que mes recherches portèrent d'abord. — Je n'ai
pas besoin de vous dire pourquoi. — Trente énormes in-folio, de douze cents pages
chacun, fébrilement parcourus, me révélèrent quatre noms célèbres : Jan Vermeer,
Pieter de Hoog, Jan Steen et Micbiel van Mierevelt.

Mon travail préliminaire accompli, je courus aux dossiers, et, du premier coup,
je vis qu'il me fallait abandonner trois fausses pistes. Le Jan Vermeer dont il s'agissait
là, était un pauvre homme devenu, en plein xvme siècle, veuf d'une malheureuse
femme morte à l'hôpital, en laissant à son mari des enfants de six et de trois ans.

Le Pieter de Hoog s'appelait Pieter Cornelisz et se trouvait dans le même cas que
le Vermeer. En 4706, il faisait son testament chez le notaire Leeuwenhoek et avait à
ce moment des enfants en bas âge.

Quant au Jan Steen, marié à Maghteldt Wesendonck, il avait en 1696 une fille
de neuf ans. Point de chances donc qu'aucun de ces noms célèbres pût s'appliquer au
personnage que nous cherchions.

Pour Michiel van Mierevelt, il en était autrement. Je retrouvai d'abord l'inven-
taire après décès de ses filles, puis celui de ses gendres; et dans la volumineuse suc-
cession du notaire Jan van Beest, époux cle Maria van Mierevelt, je découvris, après
quatre jours de recherches attentives, l'inventaire du vieux peintre lui-môme, et en
outre une foule de notes, de quittances, d'états joints au dossier principal et qui
allaient me fournir, suivant la poétique expression de M. Paul Mantz, quelques-unes
de « ces agrafes d'or dont l'histoire se sert pour retenir les plis flottants de son
manteau ».

Mais avant d'aborder cet acte important, il ne serait peut-être pas inutile de dire
quelques mots de ce peintre si célèbre en son temps, très-oublié aujourd'hui et qui eut
sur l'école hollandaise une influence maîtresse. Avec le vieux Ravesteyn, il peut être,
en effet, regardé comme le père de toute cette pléiade de portraitistes merveilleux qui
sont l'honneur de leur pays, comme le précurseur de cette peinture civique qui, en
suivant deux voies différentes, allait d'un côté brillante, vivace, énergique, aboutir à
Frans Hais en passant par Théodore de Keyser, et de l'autre calme, savante et majes-
 
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