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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: L' art russe
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0294

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272

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

guerres civiles qui continuaient toujours. Alexandre Nevsky (1251) et ses succes-
seurs, qui s'étaient fixés plus à l'est de Novgorod, à Vladimir-sur-Kliasma, ne furent
que d'habiles négociateurs ayant toujours l'argent en main pour assouvir et calmer
le khan, qui exploitait la Russie comme une métairie.

Lorsque los grands-ducs prirent le titre de tzars et se fixèrent à Moscou
(xive siècle), leur tâche fut assez dure que d'évincer peu à peu les Tatars et de réunir
en faisceau les éléments épars de ce qui est aujourd'hui la vieille Russie.

Pendant cette période de formation, c'est l'art byzantin qui domine dans l'archi-
tecture comme dans l'ornementation, expression vivante de la religion qui se déve-
loppe isolée entre l'idolâtrie et l'islamisme au sud et à l'est, et le catholicisme à
l'ouest.

Lors delà Réforme et des guerres de religion qui l'accompagnèrent, la Russie, en
haine du catholicisme, servit de refuge aux Allemands persécutés, et l'art occidental,
sous la protection de Boris Godounoff (1596 à 1605), s'introduisit à Moscou, porté par
les ouvriers luthériens allemands.

Si l'on vit entrer alors dans les ateliers des orfèvres venus de Nuremberg ou
d'Augsbourg des ouvriers russes qui semblent s'être bornés à graver des inscriptions
slavonnes sur des pièces exclusivement occidentales; — si, plus tard, sous les pre-
miers Romanoff (1613), les armuriers russes s'associèrent aux Allemands pour fabri-
quer des armes a feu qui, conservées au trésor impérial de Moscou, y portent leur
signature et montrent le même caractère hybride que l'on reconnaît dans l'orfèvrerie
contemporaine, on put à cette époque concevoir l'espérance de voir naître un art
russe issu de la double influence nationale et étrangère. Mais bientôt Pierre le Grand
fit brutalement avorter ces tentatives en ouvrant la Russie à tout l'art de l'Occident,
qui domina à partir de son règne.

Ces objections ont leur valeur. Mais il existe cependant en Russie un art d'une
physionomie particulière, essentiellement populaire, inférieur si l'on veut aux arts
contemporains, classiques ou non, en ce sens qu'il n'est illustré par aucune école de
peinture ou do sculpture; art tout ornemental enfin, dont il faut bien reconnaître
l'existence et qui s'est développé précisément à l'époque de la domination tatare,
alors que la Russie fermée de toutes parts vivait sur son propre fonds et s'assimilait,
suivant ses instincts particuliers, les éléments fournis par les peuplades d'origines
diverses dont elle était composée.

La Russie ne possède-t-elle pas une écriture enfin? — ce qui est déjà un art.

M. le comte Melchior de Vogué, lorsqu'il était attaché à la légation de France à
Pétersbourg, avait signalé, dans les Annales archéologiques (année 1851, t. XI), la
physionomie profondément orientale de tout ce qu'il rencontrait de vraiment russe en
Russie.

« On retrouve à chaque pas dans l'empire russe, écrivait-il, les traces de l'Orient
qui a inspiré et dominé les premiers siècles de son existence, depuis les traditions de
son Église et les formes bizarres de ses monuments jusqu'au caftan populaire, jusqu'à
la longue barbe asiatique que les masses s'obstinent à porter, malgré les ukases
oubliés de Pierre le Grand et les empiétements continuels de la civilisation euro-
péenne. »

Cette influence orientale, M. le comte M. de Vogué la voyait dans les pièces d'or-
févrerie qu'il publiait alors, dans la bratina, tasse pansue, toute chargée de gibbosités
symétriques, comme si le poids du liquide qu'elle contient en avait distendu le métal
 
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