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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Gustave Courbet, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0024

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18

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’homme, le ciel, la campagne, Courbet aurait fini par comprendre les
fêtes du soleil, les transparences des aurores et du crépuscule, et le clair
obscur des nuits qui ne sont que des jours diminués. La lumière l’aurait
conduit à la poésie.

Mais la guérison ne paraissait pas devoir être prochaine. En 1855 ,
année importante dans la vie de Courbet, l’impénitence dure encore, ou
du moins l’amendement reste timide. 11 aimait à faire montre de son
talent : il n’eut garde de manquer l’occasion qui s’offrait. Onze tableaux
à l’Exposition universelle, trente-huit peintures dans le salon spécial qu’il
avait organisé à l’angle de l’avenue Montaigne, firent bien voir qu’il
ignorait la paresse, et qu’il ne connaissait pas mieux la discrétion. Cette
exposition particulière fut certainement trop discutée. On trouva imperti-
nente, de la part d’un artiste dont la gloire demeurait encore en suspens,
l’idée de faire construire à ses frais une baraque, modeste d’ailleurs,
pour y exposer ses tableaux. En ce qui nous concerne, la chose nous
paraissait la plus naturelle du monde. Il semble logique qu’un peintre
ait le désir de faire voir ses œuvres. Quel profit moral, quel agrandisse-
ment intellectuelpourrait-on tirer d’un travail qui resterait dans l’ombre?
Le tableau, comme le drame, appelle le spectateur. Le manuscrit s’irrite
de n’être pas imprimé, et c’est avec des rages secrètes que, pendant les
nuits silencieuses, les écrivains entendent rugir dans (leurs cartons la
ménagerie des ours mélancoliques. Courbet ne voulait pas demeurer
inédit. Il usait de son droit en installant une exposition privée dans le
voisinage du Salon officiel. Deux succès étaient possibles : ni l’un ni
l'autre ne fut complet.

À des peintures'1 déjà connues, comme les Casseurs de pierres, les
Demoiselles de village, la Fileuse} l’Exposition universelle ajoutait la
Rencontre| le tableau qui avait fait sourire les poètes, et qui n’a jamais
été un bon Courbet. Quelmélange, d’ailleurs, dansles œuvres que l’artiste
avait choisies! Le Portrait d’une dame espagnole pouvait passer pour
une aberration du pinceau. Ce portrait était bien significatif : il prouvait
que Courbet perdait quelquefois le sentiment de la vie. Il avait cherché
à exprimer un caractère exotique, et il s’était arrêté dans la chimère.
Curieux de faire comprendre quelle flamme intérieure brûle en certaines
âmes, il avait été sépulcral et macabre. Théophile Gautier, dont les
sévérités ont toujours été si douces, fut profondément révolté par cette
excentricité maladive. « Nous avons vu, écrivait-il, les gitanas sur le
seuil de leurs antres creusés dansles flancs du Monte Sagrado à Grenade,
au Barrio de Triana à Séville, hâves, maigres, brûlées du soleil ; mais
aucune d’elles n’était si noire, si sèche, si étrangement hagarde que la tête
 
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