LA CÉRAMIQUE AU CHAMP DE MARS.
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M. Parvillée. Les carreaux employés pour le Pavillon de la ville de
Paris sont d’un aspect plus vif et plus franc que ceux qui ornent le
grand bâtiment du Champ de Mars ; ces derniers ont été conçus dans
une tonalité trop pâle pour se soutenir à l’éclat de la lumière exté-
rieure. C’est pourquoi on ne saurait chercher trop d’intensité, trop de
profondeur vitreuse dans les tons d’émail dont on les couvre : cette pro-
fondeur vitreuse est, en revanche, un des bons résultats obtenus par
M. Boulenger.
Nous sommes revenus maintenant à la céramique d'intérieur. Sèvres
tient toujours le premier rang parmi toutes les fabriques publiques ou
privées de l’Europe.
Ce qui frappe avant tout dans son exposition, c’est la grandeur des
pièces et de leurs formes, la richesse et l’importance des moyens
employés pour leurs décorations, le rôle considérable des montures, la
vivacité et la délicatesse des colorations, la beauté des pâtes; mais, il
faut le dire aussi, l’hésitation et un caractère pénible dans le décor. Le
désir de faire nouveau et de surpasser tout rival entraîne à surcharger
les pièces et à y entasser des éléments hétérogènes. Ce qui reste le
meilleur, ce qui conserve un caractère défini, c’est ce qui est imité des
œuvres du siècle dernier. Le reste manque de simplicité, de netteté et
d’équilibre. Sèvres introduit le persan et le japonais dans ses décors,
et au besoin on y verrait du biscuit en relief, des guirlandes, des mou-
lures en spirales, mêlés par-dessus le marché de rosaces et d’om-
belles assyriennes, le tout surmonté de bronze ciselé. Autant le détail,
pris en lui-même, est délicat, soigné; autant une garniture d’Amours
ou de mascarons en pâte couverte ou en biscuit sera bien modelée et
d’une glaçure ou d’un grain fins; autant un fond d’émail céladon, gris,
bronze, rosé, sera soyeux et délicat, autant une pâte transparente se
fondra habilement dans les plis d’une draperie pour laisser percer la
couleur du dessous; autant sera joliment composé un sujet en camaïeu,
ou peinte une scène colorée, et autant l’assemblage des forts reliefs, des
peintures, des bronzes dorés ou des bronzes nus, des pâtes transpa-
rentes, sera lourd ou maigre. Le vase Chéret, le vase d’Hercule, sont très
pénibles. Le vase de Nîmes a une monture qui rappelle celle des becs de
gaz dans un café ; oh ! Gouthière ! Les vases Bertin à têtes d’éléphant,
le vase dit d’Entrecolles, n° 53, dont le décor principal simule un treil-
lage; les vases Paris, dits des Peintres et Sculpteurs, considérés à la
manufacture comme une tentative dans une voie nouvelle, mais si char-
gés d’ornements raides, hérissés, qui étouffent les arabesques peintes et
les pauvres guirlandettes en pâte ; le vase n° 183, avec ses branchages
XVIII. 2e PÉRIODE. 86
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M. Parvillée. Les carreaux employés pour le Pavillon de la ville de
Paris sont d’un aspect plus vif et plus franc que ceux qui ornent le
grand bâtiment du Champ de Mars ; ces derniers ont été conçus dans
une tonalité trop pâle pour se soutenir à l’éclat de la lumière exté-
rieure. C’est pourquoi on ne saurait chercher trop d’intensité, trop de
profondeur vitreuse dans les tons d’émail dont on les couvre : cette pro-
fondeur vitreuse est, en revanche, un des bons résultats obtenus par
M. Boulenger.
Nous sommes revenus maintenant à la céramique d'intérieur. Sèvres
tient toujours le premier rang parmi toutes les fabriques publiques ou
privées de l’Europe.
Ce qui frappe avant tout dans son exposition, c’est la grandeur des
pièces et de leurs formes, la richesse et l’importance des moyens
employés pour leurs décorations, le rôle considérable des montures, la
vivacité et la délicatesse des colorations, la beauté des pâtes; mais, il
faut le dire aussi, l’hésitation et un caractère pénible dans le décor. Le
désir de faire nouveau et de surpasser tout rival entraîne à surcharger
les pièces et à y entasser des éléments hétérogènes. Ce qui reste le
meilleur, ce qui conserve un caractère défini, c’est ce qui est imité des
œuvres du siècle dernier. Le reste manque de simplicité, de netteté et
d’équilibre. Sèvres introduit le persan et le japonais dans ses décors,
et au besoin on y verrait du biscuit en relief, des guirlandes, des mou-
lures en spirales, mêlés par-dessus le marché de rosaces et d’om-
belles assyriennes, le tout surmonté de bronze ciselé. Autant le détail,
pris en lui-même, est délicat, soigné; autant une garniture d’Amours
ou de mascarons en pâte couverte ou en biscuit sera bien modelée et
d’une glaçure ou d’un grain fins; autant un fond d’émail céladon, gris,
bronze, rosé, sera soyeux et délicat, autant une pâte transparente se
fondra habilement dans les plis d’une draperie pour laisser percer la
couleur du dessous; autant sera joliment composé un sujet en camaïeu,
ou peinte une scène colorée, et autant l’assemblage des forts reliefs, des
peintures, des bronzes dorés ou des bronzes nus, des pâtes transpa-
rentes, sera lourd ou maigre. Le vase Chéret, le vase d’Hercule, sont très
pénibles. Le vase de Nîmes a une monture qui rappelle celle des becs de
gaz dans un café ; oh ! Gouthière ! Les vases Bertin à têtes d’éléphant,
le vase dit d’Entrecolles, n° 53, dont le décor principal simule un treil-
lage; les vases Paris, dits des Peintres et Sculpteurs, considérés à la
manufacture comme une tentative dans une voie nouvelle, mais si char-
gés d’ornements raides, hérissés, qui étouffent les arabesques peintes et
les pauvres guirlandettes en pâte ; le vase n° 183, avec ses branchages
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