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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 6
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Gasnault, Paul: La céramique de l'extrême Orient: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0918

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LA CÉRAMIQUE DE L’EXTRÊME ORIENT.

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mise en lumière avec une telle évidence. Le catalogue officiel de la sec-
tion chinoise constate le fait de cet amoindrissement avec une franchise
qu’on aimerait à trouver accompagnée d’un mot de regret, de l’expression
d’un espoir de voir cet état de choses s’améliorer. Nous lisons, en effet,
dans la courte notice qui précède la nomenclature des produits céra-
miques :

« La porcelaine antique dépasse de beaucoup en finesse et en beauté
les productions actuelles, faites rapidement pour répondre à la demande
toujours croissante. Le secret de beaucoup de couleurs fort renommées
est aujourd’hui perdu, et si certains vases des xvi° et xvne siècles se
payaient jusqu’à 25,000 francs, les plus beaux vases modernes sont
maintenant à la portée de presque toutes les bourses et la porcelaine
commune se trouve dans les familles les plus pauvres. »

Cela est sans doute fort réjouissant au point de vue économique et
philanthropique ; mais, on le voit, la question d’art est mise là absolu-
ment de côté. L’aspect de la salle où sont exposées les porcelaines chi-
noises modernes ne le prouve que trop. Il est véritablement navrant, et
à la vue de ces formes lourdes et vulgaires, de ces colorations ternes,
affadies, maladives, où dominent un jaune sans éclat et un lilas blafard,
de ces décors sans caractère, sans invention, sans style, maladroitement
imités des porcelaines du temps de Kien-Long, on se demande si l’on
est bien en Chine, dans le pays traditionnel de la lumière et de la cou-
leur, de la fantaisie pittoresque et de l’imagination luxuriante, de
l’étrange et du chatoyant.

On a hâte de fuir ce spectacle attristant et consternant, et on est
heureux de trouver un refuge dans la salle voisine, où la commission a
eu l’heureuse idée d’installer une exposition d’objets anciens. On ne
rencontrera parmi ceux-ci que peu de pièces dignes de l’attention d’un
amateur, mais la comparaison les relève singulièrement et leur contem-
plation rassérène les esprits en reposant la vue.

a Le Japon m’existe plus! » s’écriait Albert Jacquemart, déplorant
avec raison l’invasion du goût et des formes de l’Europe dans les pro-
duits de l’empire du Levant. Hélas ! que ce cri funèbre serait plus juste
s’adressant à la Chine !

Revenons donc au Japon, qui, quoi qu’il en soit, marche pour mon-
trer qu’il vit encore, et où, du moins, nous trouverons un art sans
grande élévation peut-être, mais riant, élégant, aimable, plein de caprice
et de belle humeur.

« L’histoire céramique du Japon vient de naître », disait encore, il y
a quelques années, le maître que nous venons de citer, dans un des
 
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