Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 19.1879)

JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 285

dans les arts qu’il professait : La reine de Suède et Mme de Lionne; et mon-
trant son buste, a dit : « La reine de Suède, touchant les finesses de cet art,
en sait autant que ceux du métier. » Us ont vu aussi l’ouvrage du signor Paul
et puis ils s’en sont allés.

Le soir, nous avons ramené l’abbé Butti chez lui, et de là nous sommes
allés aux Carmes. Le Cavalier qui n’avait pas reposé l’après-dînée et pour cela
était plus fatigué qu’à l’ordinaire, s’est retiré de meilleure heure en sa mai-
son. Je lui ai dit, le quittant, que j’avertirais M. Colbert de supplier le Roi de
prendre dorénavant une heure moins incommode. Le Cavalier m’a dit que
l’abbé l’avait dit au Roi même.

Le quatorzième, étant allé le matin chez le Cavalier, le signor Paul m’a

(D’après Silvestre.)

dit que le Roi viendrait à midi et demi, ce qui m’a obligé de demeurer là à
dîner. Le Cavalier m’a demandé les lunettes que Blondeau lui a promises.
L’ayant mandé, il est venu et les lui a apportées. Le Cavalier s’est résolu de
remettre à dîner après la venue du Roi; il a seulement pris un bouillon et
s’est allé reposer. Durant cela Mme de la Baume1 est venue, et nous a dit
qu’elle avait à parler au Roi de quelque affaire, et qu’elle prendrait cette
occasion. Elle est demeurée dans la salle à s’entretenir avec les signori Paul
et Jules2 qui ont promis de lui faire son portrait. Cependant le Cavalier est
revenu, lequel l’ayant trouvée, lui a fait de grandes civilités. Elle m’a dit qu’elle
avait une belle invention de trouver la ressemblance du Roi dans son buste,
qui est de fermer les yeux quelque temps, et puis les rouvrir, que quand elle

1. Catherine de Bonne, comtesse de Tallart, marquise de la Baume.

‘2. Jules (Giulio) était un Italien amené par Bernin et qui travaillait sous lui.