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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

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Nr. 5
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Lefort, Paul: Velazquez, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0433

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VELÂZQUEZ.

hil

A la suite du paysage, sa première et solide conquête, le naturalisme
s’était en effet emparé, et cela sans beaucoup de luttes, de la peinture
intime, du genre pittoresque, même du tableau de demi-caractère.
Costumes, mobilier, accessoires, mœurs et habitudes, physionomies, air
du temps, tout aujourd’hui, dans le domaine du genre; est présenté,
décrit, restitué, souligné et particularisé avec la plus scrupuleuse exacti-
tude. Pour donner satisfaction à nos insatiables désirs de nouveauté, il
y a beau temps déjà que des sciences tout observatrices et positives,
comme l’archéologie et l’ethnographie, ont fait leurs grandes entrées
dans l’art. À l’heure présente, le naturalisme s’étend et gagne encore;
voilà qu’il a pénétré jusque dans le sanctuaire du grand art : il trans-
forme la peinture d’histoire.

D’épique, de fabuleuse et de synthétique qu’elle était demeurée, le
naturalisme tente de peindre Y histoire expressive, vivante, humanisée
enfin, et comme vécue. Indépendamment de la vérité locale, de l’exté-
riorité mieux observée, il y faut, à cette heure, le mouvement, le carac-
tère, la sensibilité, la passion, toutes les affirmations individuelles, toutes
les circonstances de la vie. Les vagues et abstraites représentations
d’autrefois, de même que les scènes dramatiques et enfiévrées du roman-
tisme, semblent bien avoir fait leur temps, et, sans friser l’hérésie, il
nous sera permis d’écrire que le tableau des Lances, de Velâzquez., dans
la parfaite vérité, la claire exposition de son action, la naturelle simplicité
de son arrangement, paraît mieux répondre désormais à nos impérieux
et nouveaux besoins d’exactitude et de sincérité que la Bataille de
Constantin et les vastes machines de Lebrun. Nettement, visiblement
encore, une profonde séparation va donc se produisant entre la peinture
d’histoire et l’art purement décoratif. En celui-ci se réfugieront sans
doute les dernières abstractions, avec leur bagage obligé de formules
apprises et de traditions d’école.

En dehors de ces causes, toutes spéciales et intimes, d’autres
encore, extérieures celles-là, mais également persistantes, concourent et
ont part active au mouvement qui se produit sous nos yeux.

A une société aussi profondément remuée et transformée dans ses
mœurs et dans ses bases que l’est la nôtre, il faut nécessairement un art
qui soit en accord plus étroit avec ses besoins, ses aspirations, ses exi-
gences. Aussi, dans le domaine des choses de l’art, comme dans la
science, comme dans la philosophie, comme dans notre milieu social,
tout est-il, à cette heure, en travail de renouveau : forme, langue,
méthode, poétique, enseignement.

Que va donc être l’art de demain, l’art de l’avenir? Interprète sans

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XIX.
 
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