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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

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Nr. 5
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Gueullette, Charles: Mademoiselle Constance Mayer et Prud'hon, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0497

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MADEMOISELLE CONSTANCE MAYER ET PRUD’HON. Zf79

comte d’Harlay lui permettent de réunir quelques épargnes. Mais sa
femme est arrivée et avec elle sont rentrés au logis le désordre et le
gaspillage, joignons à cela que sa famille s’augmente de quatre enfants
et nous aurons une juste idée de la misère profonde à laquelle il fut en
proie. M. Eudoxe Marcille me communiquait dernièrement une précieuse
relique qu’il a reçue de M. Eudamidas Prud’hon et que nous ne saurions
mieux mentionner qu’ici : c’est le cachet du maître sur l’onyx duquel
est gravée une main tenant un pinceau, avec cette devise : Vêlai mori!
Pauvre artiste, son talisman, auquel il demanda le pain de sa famille,
ne sut pas toujours le préserver lui-même de lugubres pensées. « Des
chagrins journaliers et continuels, écrit Voiart, les efforts qu’il faisait
pour les supporter, altérèrent sa santé... une mélancolie habituelle
régnait dans son âme : jamais un sourire n’effleurait ses lèvres. Un
sort si pénible lui inspira un tel dégoût de la vie que plusieurs fois
il fut prêt d’y mettre un terme. »

Prud’hon, depuis son retour de Rome, quitta fort peu Paris. Nous
savons qu'en 179A, pendant la disette, il se réfugia à Rigny, mais son
séjour y fut moins long que le prétendent ses biographes. En 1797, en
effet, il était depuis un an au moins réinstallé clans la capitale, puisque
l’état civil de sa fille Emilie la fait naître rue du Ilarlay, n° 28, le 3 no-
vembre 1796. Quoiqu’il en soit, le peintre ne fut pas moins malheureux
en un lieu qu’en un autre et les travaux nombreux dont on vint à le
charger ne diminuèrent en rien les incessantes préoccupations de sa vie
domestique.

Abreuvé de soucis dans son ménage, Prud’hon eût pu, à l’exemple
de tant d’autres, demander aux plaisirs l’oubli de la vie réelle, il ne le
fit jamais, son cœur brisé se résigna et c’est à peine si, en deux circon-
stances que nous allons dire, il osa sacrifier timidement à des divinités
qui même ignorèrent toujours le culte dont elles furent l’objet.

La première fois, c’était au temps de son premier séjour à Paris et
c’est M. Sensier qui raconte le fait, l’artiste conçut un tendre attachement
pour M11"'Marie Fauconnier, sœur de son ami; « mais, ajoute le narrateur,
loin d’outrepasser les bienséances, Prud’lion ne s’ouvrit point à celle qui
l’attirait invinciblement. Il était trop honnête homme pour donner à une
jeune fille des espérances qui ne pouvaient se réaliser ».

La seconde fois, c’était au plus fort de la Terreur et cette aventure, à
peu près inconnue, tout à fait oubliée d’ailleurs, mérite qu’on s’y arrête
un instant, sans pourtant qu’il soit possible de l’appuyer d’un témoi-
gnage écrit cle l’époque.

Un jour que Je maître travaillait tristement dans son atelier, il vit
 
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