Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Portalis, Roger: La collection Walferdin et ses Fragonard
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0334
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
318

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

damné à garder ceux-ci moyennant 30,000 livres ou à les rendre, ce
qu’il fit.

Est-ce pour le même fermier général que Fragonard exécuta cette
suite extraordinaire dans sa vivacité, on pourrait presque dire dans sa
violence, pour le poème de l’Arioste, Roland furieux? Pden ne saurait
peindre, si on ne les a vues, la fougue avec laquelle sont enlevés les cent
seize compositions qui racontent les amours et les aventures de Roland et
d’Angélique, de Ruggiero et de Bradamante. Les Aventures de Bon Qui-
chotte ont aussi inspiré le dessinateur, mais il est à craindre qu’il ne se
soit arrêté au début de cette illustration, car nous ne trouvons que six
ou sept dessins pour ce célèbre roman. Une intéressante suite encore,
destinée à orner quelque exemplaire privilégié, est celle où le peintre de
Grasse nous a représenté en seize sujets, finement exécutés au crayon
noir légèrement frotté d’estompe, les Veillées du château, ouvrage bien
connu de Mme de Genlis. Elles sont charmantes de naïveté, ces scènes de
famille formant autant de petits tableaux gracieux égayés de riantes
têtes cl’enfants, et tout cela fait avec rien; trois points pour les yeux et
le nez, une barre pour la bouche, et l’expression des figures est juste,
l’intention clairement indiquée.

Que de beaux dessins sollicitent encore notre attention ! L’Enlèvement
de Proserpine et le gracieux mouvement de la déesse; le Satyre lutine
par des amours, remarquable de largeur en même temps que de mou-
vement et de vie; Bana'è visitée par Jupiter sous la forme d’un nuage,
et, pour sortir de la mythologie, Samson et Balila, belle sépia qu’à son
énergie on prendrait pour la copie d’un dessin de Rubens, et l’on ne se
tromperait pas, ou encore cette Adoration des bergers, première pensée
du tableau qui faisait courir tout Paris à la galerie du marquis de Véri.

Dans les sujets favoris du peintre, le Verrou, que la gravure de Biol
a fait connaître, est un des plus réussis dans sa significative et douce
violence1. Il n’est peut-être pas dans toute la collection, si riche pour-
tant, quelque chose de plus fin et de plus délicat avec ses notes de san-
guine très légèrement lavées. Le Lever des ouvrières, dans son aimable
abandon rappelle avec plus de gaieté etd’espritla composition bien connue
de Lavreince. Mais il faut se borner; que choisir, en effet, parmi toutes
ces études de têtes ou d’animaux et de paysages? Les portefeuilles
regorgent de croquis spirituels, d’aquarelles à peine teintées, de bistres
chatoyants, cavalcades, saints en prière et divinités mythologiques, jeunes

t. A la vento Varanchan, en 17'i7, le dessin du Verrou, à la plume et au bistre, se
vendit 800 livres. Même vente, une Chambre à coucher de, jeunes filles, 280 livres.
 
Annotationen