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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 1
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Clément de Ris, Louis: Les dessins d'ornement au Musée des Arts Décoratifs, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0010

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G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des manifestations partout où la main de l'homme a laissé sa trace. Les
églises, ces grands musées de l'époque, au dire de Yiollet-le-Duc, en
sont pleines, et, après mille ans, en font passer les débris sous nos
yeux étonnés dans la flore de leurs frises et la végétation de leurs chapi-
teaux, dans leurs carrelages, dans leurs vitraux, leurs stalles, leurs
vêtements, leurs diptyques, leurs antiphonaires, leurs calices ou leurs
ostensoirs, leurs crosses ou leurs croix, leurs reliquaires, leurs flabel-
lums, etc., etc. Partout où un objet usuel offre le plus petit espace, le
goût français s'en empare et y imprime son cachet de la façon la plus
opportune et la plus exquise.

La mesure, la convenance, la justesse d'appropriation, telles sont
les nuances que le goût français met en pratique avec une incomparable
facilité et qui constituent sa supériorité. Quelle que soit la variété
infinie des besoins des formes ou des époques, notre génie s'y prête avec
une souplesse merveilleuse, semper et ubique paratus, trouvant tout de
suite le type qui convient le mieux à chaque objet, en variant l'appli-
cation suivant qu'il a affaire à tel ou tel ordre d'idées, évitant par un
instinct spontané d'appliquer à l'orfèvrerie ce qui convient à la céra-
mique, au mobilier ce qui est du domaine des tissus, à la tapisserie le
décor de l'ébénisterie, rencontrant du premier coup les lois si délicates
qui régissent l'ornementation de la matière fabriquée. Notre supériorité,
je le répète, est due à l'observance de ces nuances.

Cette supériorité, elle remonte bien haut, elle a résisté à bien des
assauts, elle a vu passer bien des courants, et ne paraît pas disposée à
abdiquer. Au xive siècle, elle se dégage du courant italien, qui pendant
soixante-dix ans partit d'Avignon; au xve siècle, elle résiste à l'influence
flamande de la cour de Bounmsrne; au xvie, elle se défend contre la
nouvelle invasion italienne de Charles Yill et de François Ier. Si même
l'on suit d'un œil attentif ces grands mouvements qui agitent les peuples,
on remarquera que chacune de ces influences venues de l'étranger en
France en précède une autre plus puissante, allant de France à l'étran-
ger; influence qui chaque fois creuse un sillon plus pénétrant et plus
avancé, porte plus loin notre prépondérance et notre ascendant. À cette
domination gracieuse et bienveillante on ne peut échapper. Que peuvent
faire les lois contre les mœurs, ou des armées contre des modes ? On
peut résister à des soldats, on répond à des décrets par des décrets,
on oppose des lignes de douanes à des lignes de douanes ; mais on ne
se défend pas contre un bijou, contre une faïence, contre une reliure,
contre un éventail, une tabatière, un morceau d'étoffe, un lambeau de
dentelle, une bande de tapisserie. Le godtvous presse, vous enveloppe,
 
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