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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 4
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Blanc, Charles: Études sur les arts décoratifs, 1: la reliure
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0302

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282 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et qui vous fait attendre dans son cabinet, on n'a qu'à jeter un coup
d'œil sur ses reliures pour savoir s'il a le sentiment de l'ordre, s'il a du
tact, s'il a du goût, s'il est vraiment possédé de l'amour des livres ou s'il
n'en a que l'ostentation, s'il est enfin de ceux qui ont une bibliothèque
seulement pour la montre, de ceux à qui M. de Paulmy proposait cette
inscription à mettre sur leurs livres : Multi vocatif pauci lecti, beaucoup
d'appelés, peu de lus.

Quand un homme a de la culture et les sens tant soit peu raffinés,
il y paraît tout de suite à la seule manière dont les livres sont rangés
sur les rayons de sa bibliothèque. Que des reliures soient somptueuses
ou modestes, il n'est pas indifférent de les mettre ici ou là, de faire
jurer le neuf avec le vieux, de mêler des brochures au ton criard avec
des reliures d'une chaude couleur, de rapprocher un livre habillé de
chagrin ou de veau brun, d'un livre couvert en parchemin, à moins que
ce ne soit un parchemin profondément ranci avec le temps, fatigué,
ambré par l'usure.

On juge à plus forte raison de l'homme qu'on va voir et de la nature
de son esprit d'après le nom des auteurs qu'il a choisis, d'après les soins
qu'il a donnés à tel livre, de préférence à tel autre. Que penser de
celui qui ne ferait aucune différence entre la reliure d'un Montaigne et
celle d'un Coquillart, de celui qui négligerait son Tacite ou son Horace,
ou l'Illustre Théâtre de M. Corneille pour faire un magnifique habit
aux « Bigarrures et touches du seigneur des Accords» ? Il est donc vrai
que les livres, à ne considérer que la forme extérieure, celle que le re-
lieur leur a donnée, sont une marque des pensées qui régnent dans une
maison, qu'ils en sont l'ornement moral autant qu'ils servent à la déco-
rer dignement pour le plaisir des yeux.

Les principes de l'art décoratif trouvent leur application dans la
reliure. Là, comme ailleurs, l'élégance est l'ennemie de la surcharge et
l'opulence même a besoin d'une certaine mesure, de certains repos. Là,
comme ailleurs, la chose ornée ne doit pas l'être partout. 11 en est de la
reliure comme des autres industries proches parentes de l'art, la vaiiété
y doit assaisonner l'unité. La grâce doit y être un aveu de l'utile, à ce
point que les accents de la solidité pourraient à eux seuls y tenir lieu
d'ornement. Mais à quelles conditions une reliure sera-t-elle solide,
commode, facile à manier, car il faut qu'elle soit tout cela avant d'être
belle? Pour le savoir, je me suis adressé à un relieur habile, à un des
maîtres de la profession, lequel a bien voulu se prêter à mon désir d'être
initié aux secrets de son art. « Je ne sais rien, lui ai-je dit; veuillez donc
commencer vos leçons par le commencement. » Là-dessus, le relieur m'a
 
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