RESTAURATION DES MONUMENTS HISTORIQUES,
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Marie des Dames} à Saintes, que la Commission des monuments histo-
riques, soutenue dans sa protestation par Mgr l’évêque de la Rochelle,
qui revendiquait cette église pour la rendre au culte, n’a pu empêcher
de transformer en caserne.
A différentes reprises *, la Commission des monuments historiques a
provoqué la préparation d’un projet de loi ; mais en présence des préoc-
cupations politiques qui absorbaient les esprits, il a semblé que la pré-
sentation de ce projet devait être ajournée jusqu’au moment où, la pro-
position pouvant être examinée avec plus de calme, l’importance des
intérêts en question pourrait être mieux appréciée. En attendant, l’ad-
ministration poursuivait ses recherches, recueillait tous les renseigne-
ments utiles, et M. le Ministre de l’instruction publique appelait sur ses
travaux l’attention des délégués des sociétés savantes des départements,
dans un discours prononcé à la Sorbonne, le 4 avril 1874, dont nous
extrayons le passage suivant :
« Nous voyons l’incurie ou l’ignorance laisser disparaître, dans le
domaine de l’histoire et des arts, des richesses à jamais regrettables.
Que de monuments détruits ou mutilés, quelquefois même sous prétexte
de réparation nécessaire et au nom de l’utilité publique ! Je ne désespère
pas, messieurs, de mettre un terme à ces profanations. Le comité des
des monuments historiques a provoqué sur ce point mon attention, et il
m’a signalé, dans notre législation, des lacunes qu’il n’est peut-être pas
impossible de combler. Je fais étudier en ce moment, jusque dans les
chancelleries étrangères, et notamment en Italie, les mesures qu’on
pourrait adopter pour protéger contre la main des hommes ce qui a
résisté à l’action du temps. »
Les nations étrangères, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, nous
ont en effet devancés dans la voie de conservation de leurs richesses
artistiques en prenant les mesures nécessaires pour en assurer la conser-
vation. A Vienne, une commission centrale instituée pour la recherche
et la conservation des monuments artistiques et historiques étudiait,
en 1874, par ordre du gouvernement austro-hongrois, les dispositions
à prendre pour empêcher la destruction et l’exportation à l’étranger des
monuments et des objets d’art présentant un intérêt historique. En
Danemark, en Suède, en Norvège, des lois sévères défendent de vendre
à des particuliers et même de garder des objets ayant un intérêt archéo-
logique quelconque, et prescrivent à celui qui en a fait la découverte de
les offrir en vente à l’État.
I. Rapport de M. E. Baumgart, sur l’exposition des archives de la Commission des
monuments historiques do France à l’Exposition universelle de Londres, on 1874.
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Marie des Dames} à Saintes, que la Commission des monuments histo-
riques, soutenue dans sa protestation par Mgr l’évêque de la Rochelle,
qui revendiquait cette église pour la rendre au culte, n’a pu empêcher
de transformer en caserne.
A différentes reprises *, la Commission des monuments historiques a
provoqué la préparation d’un projet de loi ; mais en présence des préoc-
cupations politiques qui absorbaient les esprits, il a semblé que la pré-
sentation de ce projet devait être ajournée jusqu’au moment où, la pro-
position pouvant être examinée avec plus de calme, l’importance des
intérêts en question pourrait être mieux appréciée. En attendant, l’ad-
ministration poursuivait ses recherches, recueillait tous les renseigne-
ments utiles, et M. le Ministre de l’instruction publique appelait sur ses
travaux l’attention des délégués des sociétés savantes des départements,
dans un discours prononcé à la Sorbonne, le 4 avril 1874, dont nous
extrayons le passage suivant :
« Nous voyons l’incurie ou l’ignorance laisser disparaître, dans le
domaine de l’histoire et des arts, des richesses à jamais regrettables.
Que de monuments détruits ou mutilés, quelquefois même sous prétexte
de réparation nécessaire et au nom de l’utilité publique ! Je ne désespère
pas, messieurs, de mettre un terme à ces profanations. Le comité des
des monuments historiques a provoqué sur ce point mon attention, et il
m’a signalé, dans notre législation, des lacunes qu’il n’est peut-être pas
impossible de combler. Je fais étudier en ce moment, jusque dans les
chancelleries étrangères, et notamment en Italie, les mesures qu’on
pourrait adopter pour protéger contre la main des hommes ce qui a
résisté à l’action du temps. »
Les nations étrangères, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, nous
ont en effet devancés dans la voie de conservation de leurs richesses
artistiques en prenant les mesures nécessaires pour en assurer la conser-
vation. A Vienne, une commission centrale instituée pour la recherche
et la conservation des monuments artistiques et historiques étudiait,
en 1874, par ordre du gouvernement austro-hongrois, les dispositions
à prendre pour empêcher la destruction et l’exportation à l’étranger des
monuments et des objets d’art présentant un intérêt historique. En
Danemark, en Suède, en Norvège, des lois sévères défendent de vendre
à des particuliers et même de garder des objets ayant un intérêt archéo-
logique quelconque, et prescrivent à celui qui en a fait la découverte de
les offrir en vente à l’État.
I. Rapport de M. E. Baumgart, sur l’exposition des archives de la Commission des
monuments historiques do France à l’Exposition universelle de Londres, on 1874.