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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 25.1882

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Nr. 6
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Duret, Théodore: Expositions de la Royal Academy et de la Grosvenor Gallery
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https://doi.org/10.11588/diglit.24257#0610

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618

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

poursuite du style, par exemple dans le portrait du révérend W. Thompson, master
of Trinity college, peint par souscription, il y a du style, énormément de style. C’est-
à-dire que le révérend W. Thompson, qui est, à coup sûr, un respectable ecclésias-
tique et probablement le meilleur des hommes, pour arriver à l’air épique et à la con-
tenance héroïque que commande le style, est représenté avec une main saisissant
d’une façon crispée le bras de son fauteuil et avec une figure farouche, comme s’il se
disposait à dévorer vivants les adolescents de son collège. Pensez donc un tableau
payé par souscription! A côté de cela, M. Herkomer peint le portrait de W. Wvnne
tout simplement esquissé; plus de souscription, plus de personnage public, et par con-
séquent plus de recherche du fameux style quand même. Et il se trouve que dans ce
portrait très personnel, plein de simplicité, à l’œil bien vivant, on retrouve l’Herko-
mer qui, par son tableau des Invalides de Chelsea, avait eu un grand succès à Paris
et qu’on n’avait plus vu depuis longtemps.

Passons aux jeunes. Parmi cenx-là, M. L. Wvllie expose une Vue du port de
Londres. L’atmosphère particulière qui enveloppe la Tamise, mélange de fumée et
de brouillard, s’y trouve rendue d’une manière fort juste et les deux steamers qui, au
milieu, sont les personnages du tableau, sont bien sur l’eau et bien dans l’air. Pour-
quoi faut-il que M. Wyilie diminue l’effet de son tableau et lui enlève la valeur d’en-
semble par la minutie avec laquelle il peint toutes sortes de détails et de petits tableaux?
De même M. Reid gâte son tableau, Ilomeless and Homewards, où il y a de réelles
qualités de facture, par la multiplicité des détails et des accessoires, et le manque
d’effet d’ensemble. Parmi les jeunes, cette année, c’est M. John White, avec un tableau
Or et argent, qui nous semble le mieux se signaler. Or et argent est un paysage large
de facture, plein d’air et lumineux. L’or, ce sont des blés mûrs traversés par une
route; l’argent c’est, au fond, la mer scintillante. Ce tableau est le meilleur paysage
que contienne l’exposition de la Rojml Academy, et si M. White développe son talent,
en continuant à peindre de la même manière, simple, large et lumineuse, il prendra
tout naturellement la tête de la jeune école anglaise.

Quant à l’exposition de laGrosvenor Gallerv, elle est excellente cette année. Depuis
longtemps les artistes anglais désiraient avoir, à côté de l’exposition officielle de la
Royal Academy, un lieu d’exposition qui pût s’ouvrir aux talents indépendants et aux
hommes refusant de suivre les voies battues. Sir Coutts Lindsay a répondu à leur désir
en construisant à ses frais un palais d’exposition, la Grosvenor Gallery, dans Bond-
street. C’était faire un noble usage d’une grande fortune. Mais le palais une fois con-
struit, loin de se décharger sur autrui du soin d’organiser les expositions, Sir Coutts
Lindsay, restant sur la brèche comme directeur, s’est chargé lui-même du travail, avec
l’assistance de MM. Comyns Carr et Hallé. Or, jamais Sir Coutts Lindsay et ses aides
n’ont mieux montré qu’ils étaient hommes de goût et de jugement que par l’ensemble
d’œuvres intéressantes qu’ils ont réunies cette année. Dans les deux salles de la Gros-
venor Gallery nous trouvons des exemples de tous les artistes anglais qui, soit parleur
talent reconnu, leur originalité ou leur recherche d’effets nouveaux, ont des droits à
l’intérêt public. Et je ne connais rien de plus agréable qu’un pareil triage intelligent,
nous évitant ces horribles voyages devant des kilomètres de toiles banales, tels qu’on
est obligé de les faire aujourd’hui à la Royal Academy et au Salon de Paris.

Les peintres qui sont membres de la Royal Academy et qui doivent à cette qualité
le privilège de pouvoir exposer, dans leur palais de Burlington, jusqu’à huit tableaux
qu’on place généralement aux meilleurs endroits, n’en ont pas moins pris l'habitude
 
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