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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 4
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Ephrussi, Charles: Le Freydal
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0378

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356

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

gent. Les objets de couleur noire, souliers, harnachements, selles, sont
traités en silhouette, sans aucun modelé. On découvre, sous la gouache,
des indications relatives aux couleurs, écrites à l’encre par l’empereur ou
par son secrétaire, après examen des dessins esquissés à la plume.

En somme, la valeur artistique est ici fort secondaire ; on voit cepen-
dant, en rapprochant le Freydal du Theurdank, de l’Arc triomphal, du Cor-
tège, etc., ce qu’il eût pu devenir si les gravures avaient été exécutées; les
spécimens xylographiques que nous possédons nous donnent quelque
idée de la magnificence qui eût éclaté dans l’œuvre complète. Dans l’état
actuelle Freydal offre avant tout un intérêt archéologique : l’équipement
des chevaliers et de leurs montures, les détails même les plus minutieux
des armures du temps, les us et coutumes des tournois, la manière dont
étaient réglées les danses et mascarades de la cour, la coupe et la couleur
des costumes portés dans ces fêtes, voilà ce qu’il nous fait connaître avec
la plus scrupuleuse exactitude ; il nous introduit en plein dans la vie guer-
rière et sportive de la chevalerie allemande, il nous fait assister à ces
rudes passes d’armes et à ces momeries comiquement solennelles qui
étaient les distractions favorites de l’empereur Maximilien. Sevré de ces plai-
sirs pendant le règne du maussade Frédéric III, Maximilien prit sa revanche
après la mort de son père, et, non content de ressusciter les beaux jours
de l’ancienne chevalerie, de rendre aux tournois leur éclat d’autrefois,
il tint à honneur de léguer aux âges suivants l’image fidèle de ces fêtes
brillantes. Il semble avoir consacré à la satisfaction de ce goût dominant
tout le loisir que lui laissaient les guerres et les négociations ; il s’occupe
personnellement des moindres détails de ces jeux ; lui-même commande
les costumes, règle les combinaisons variées des joutes, copie, imite ou
invente. Sa passion pour les tournois remonte à son premier voyage en
Bourgogne. Témoin des pompes de cette cour, alors la plus riche et-
la plus splendide de l’Europe, il en rapporte le goût et la science des
tournois. L’Italie lui fournit aussi d’heureuses inspirations. En 1Û78,
il écrit à Sigmund Prüschenk : « J’ai inventé beaucoup de curieux jeux
de chevalerie après avoir vu la manière des cours italiennes, et je vous
attends pour cela. Je vous soumettrai la chose et arrangez-vous en consé-
quence. Je me fais faire beaucoup d’armures à cet effet, et de longtemps
on n’a pas fait de plus jolie armure française que celle que je possède
maintenant ; elle coûte plus de cent onze couronnes rien que pour l’ar-
murier. » Dans une autre lettre (1516) à son armurier Conrad Sensenho-
fer, il s’occupe d’une cuirasse à vis qui doit durer au moins trois ans et
être exécutée d’après ses indications verbales. La collection d’armes de
la maison impériale d’Autriche conserve sept armures complètes pour
 
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