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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Mély, Fernand de: Les origines de la céramique italienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0121

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112

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

eux, ce n’est pas en Espagne qu’il faut trouver les origines de la inaïo-
lique; dans leurs études, ils pressentent l’Orient; ils indiquent bien des
pièces intéressantes qui offrent un caractère évidemment persan ; mais si
jusqu’à présent nous apercevions les deux extrémités de la chaîne artis-
tique qui unit l’Italie et la Perse, le chaînon intermédiaire restait caché
pour nous.

Ce qu’il aurait fallu dès le principe, pour trouver l’origine de la céra-
mique italienne, c’était constater ses débuts, chercher d’abord ses pre-
miers pas en Italie. Une fois le centre de rayonnement connu, il devenait
plus facile de remonter aux sources de cet art; jusqu’à présent, ce point
avait été quelque peu négligé : les maïoliques tiraient leur nom de Ma-
jorque, il n’était pas besoin d’autre éclaircissement : les Baléares avaient
été l’école des artistes italiens.

Lorsqu’on parle de maïolique, on entend par là surtout les magni-
fiques faïences que nous voyons à l’époque de la Renaissance, de I/18O
à J 5/i0. Elle nous donne des plats, des aiguières, des coupes décorées
de fines arabesques, de sujets mythologiques, de pages d’histoire.
Nous nous trouvons, là, en présence d’un art compliqué, où l’artiste
est maître de sa palette, de son feu : il lui faut réunir l’art et la science,
le dessin et la chimie. Il doit orner les crédences monumentales, jeter
des notes gaies et lumineuses dans les salles immenses des palais prin-
ciers, se mêler harmonieusement aux pièces d’argenterie finement
ciselées, et lutter sans désavantage avec le burin précieux de Benvenuto
Cellini. Mais nous sommes loin de l’apparition de la céramique en Italie.

Quand nous arrivons à la Renaissance, il y a déjà longtemps que
nous avons rencontré les plaques décoratives, les baccini des églises,
et c’est d’Orient que vient le goût de cette décoration architecturale.
Dès le xie siècle, M. F. Lenormant1 remarque sur l’église de Lucera,
dans la Bouille, des baccini employés par les architectes comme déco-
ration extérieure; au château de Lucera, il découvre des fragments de
poteries décoratives, qui nous donnent des ornements simples, il est
vrai, mais déjà tracés en bleu et rouge sur fond blanc; nous sommes tout
à fait au début de l’art céramique. Si nous laissons passer deux siècles,
l’église de Santa-Cecilia nous conserve ses faïences, une véritable étape
dans l’histoire de la maïolique, car elles sont le premier échantillon sérieux
de cet art, décoratif par excellence, qu’il nous soit permis d’étudier.
Nous avons là la véritable destination de la faïence émaillée, la décora-
tion monumentale ; l’Orient l’avait ainsi comprise. Dans un pays chaud

Revue des Deux Mondesf tcr mars 1883.
 
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