DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Chennevières, Henry de: Exposition de l'art du XVIIIe siècle
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0183
EXPOSITION DE L’ART DU XVIIIe SIECLE.
173
Six onces de terre jaune la plus transparente,
Six onces de belle lacque fine,
Six onces du plus beau bleu turquin.
Je lui demande que le tout soit broié très-finement à l’eau , afin
qu’on puisse Jes broier avec la plus grande facilité en les employant
avec l’huille 1. » Cette lettre, d’une précision si ordonnée, montre com-
bien Hubert Piobert se souciait des détails matériels de son art ; et il
jugeait sainement, car l’excellence des moyens pratiques n’est pas le
moindre intérêt des tableaux & architectures.
Les bustes et les statuettes de cette exposition semblent, pour la plu-
part, supérieurs aux portraits et aux toiles de genre. II y a du Cafïieri,
des Falconnet., desClodion, de l’Houdon, du Lemoyne, des Pajou, des
Pigalle, des Xavery; et parmi ces sculptures d’ordre excellent, on dis-
tingue des marbres de haute tournure, comme les bustes de la Bau-
court, de Sophie Arnould et de la Marquise de Jaucourt, par Iloudon;
Voltaire} Joseph Chénier et Mme Rêcamier} par le même Iloudon;
Louis XV et Mme de Pompadour, de Lemoyne; Buffon et Mme Lebrun}
de Pajou. Toutefois, il ne faudrait pas enfler le mérite de celte partie au
point d’y voir une compensation suffisante à l’ensemble médiocre des
tableaux et des miniatures, et si l’Exposition de Part du xvme siècle
pouvait excuser sa pauvreté, les beaux dessins de la collection de
M. Edmond de Goncourt seraient seuls capables de lui faire obtenir grâce
aux yeux des délicats. Encore cette suite de croquis est-elle dispersée
au hasard dans le long couloir d’entrée, comme si le jour insuffisant et
le juchement fâcheux de dessins suspendus à des hauteurs fantaisistes
ne devaient pas détruire l’effet de cette série précieuse. Mais la Maison
d'un Artiste et les Dessins de Maîtres anciens de 1879 sont là pour
préserver désormais et consacrer les morceaux uniques du Cabinet d'Ed-
mond de Goncourt.
I)e cette petite exposition improvisée les maîtres charmants du
xviii* siècle ne retireront ni un regain d’honneur ni un avantage, et il
faudrait craindre plutôt d’en avoir compromis plusieurs par un choix
d’œuvres trop secondaires.
HENRY DE C IIE N N E VIÈ RE S.
4. Papiers d’Hennin, Bibliothèque de l’Institut. (Document obligeamment commu-
niqué par M. Ludovic Lalanne,)
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Six onces de terre jaune la plus transparente,
Six onces de belle lacque fine,
Six onces du plus beau bleu turquin.
Je lui demande que le tout soit broié très-finement à l’eau , afin
qu’on puisse Jes broier avec la plus grande facilité en les employant
avec l’huille 1. » Cette lettre, d’une précision si ordonnée, montre com-
bien Hubert Piobert se souciait des détails matériels de son art ; et il
jugeait sainement, car l’excellence des moyens pratiques n’est pas le
moindre intérêt des tableaux & architectures.
Les bustes et les statuettes de cette exposition semblent, pour la plu-
part, supérieurs aux portraits et aux toiles de genre. II y a du Cafïieri,
des Falconnet., desClodion, de l’Houdon, du Lemoyne, des Pajou, des
Pigalle, des Xavery; et parmi ces sculptures d’ordre excellent, on dis-
tingue des marbres de haute tournure, comme les bustes de la Bau-
court, de Sophie Arnould et de la Marquise de Jaucourt, par Iloudon;
Voltaire} Joseph Chénier et Mme Rêcamier} par le même Iloudon;
Louis XV et Mme de Pompadour, de Lemoyne; Buffon et Mme Lebrun}
de Pajou. Toutefois, il ne faudrait pas enfler le mérite de celte partie au
point d’y voir une compensation suffisante à l’ensemble médiocre des
tableaux et des miniatures, et si l’Exposition de Part du xvme siècle
pouvait excuser sa pauvreté, les beaux dessins de la collection de
M. Edmond de Goncourt seraient seuls capables de lui faire obtenir grâce
aux yeux des délicats. Encore cette suite de croquis est-elle dispersée
au hasard dans le long couloir d’entrée, comme si le jour insuffisant et
le juchement fâcheux de dessins suspendus à des hauteurs fantaisistes
ne devaient pas détruire l’effet de cette série précieuse. Mais la Maison
d'un Artiste et les Dessins de Maîtres anciens de 1879 sont là pour
préserver désormais et consacrer les morceaux uniques du Cabinet d'Ed-
mond de Goncourt.
I)e cette petite exposition improvisée les maîtres charmants du
xviii* siècle ne retireront ni un regain d’honneur ni un avantage, et il
faudrait craindre plutôt d’en avoir compromis plusieurs par un choix
d’œuvres trop secondaires.
HENRY DE C IIE N N E VIÈ RE S.
4. Papiers d’Hennin, Bibliothèque de l’Institut. (Document obligeamment commu-
niqué par M. Ludovic Lalanne,)