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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Gilbert, Paul: Exposition des aquarellistes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0283

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EXPOSITION DES AQUARELLISTES.

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manière, se compose de deux éléments : la grâce ingénieuse de l’invention et la pro-
preté patiente d’un pinceau acharné à bien faire. L’une et l’autre sont dignes d’éloges
sans doute; mais quels petits résultats!... Et que dire, lorsqu’une de ces deux qualités
disparaît, lorsqu’il ne reste plus, comme chez les continuateurs de Louis Leloir, que
l’habileté de l’exécution, habileté facilement fastidieuse qui s’attache à l’accessoire et,
en ne vous faisant grâce d’aucun détail, détruit tout l’effet de l’ensemble!

M. Georges Yibert, dont les œuvres intéressent encore quelques attardés, paraît
s’être appliqué beaucoup dans sa grande aquarelle : Fleurs d’automne. On dit que
l’auteur cherche ordinairement l’esprit : il a oublié cette fois de se conformer à son
principe; les allées et venues de sa coupeuse de fleurs ne présentent rien d’émouvant,
et peu nous importe de savoir ce qu’elle veut faire du bouquet qu’elle compose avec tant
de prétention. Si l’esprit manque dans le choix du motif, on le chercherait vainement
dans l’exécution ; elle est partout également soignée et ne tient aucun compte de la
différence des choses. Architecture, personnage, fleurs, accessoires, tout a la même
importance, aucun de ces objets ne consent à s’effacer pour contribuer modestement à
l’éclat de son voisin ; une page de M. Yibert ressemble, toutes proportions gardées, à
un opéra où les figurants indiscrets voudraient chanter les premiers rôles.

Malgré le soin qu’il apporte au détail, M. Yibert ne parvient pas à être exact. La
robe de sa faiseuse de bouquets est durement découpée dans du métal, et quant à
l’invraisemblable peau d’ours jetée sur le sol, elle démontre que M. Yibert devrait
faire quelques promenades au Jardin des Plantes.

Pour ces détails de mobilier, de fourrures et de tapis, M. Yibert pourrait d’ail-
leurs demander conseil à son jeune camaiade, M. Guillaume Dubufe. Le tapis est son
triomphe, aussi ne l’épargne-t-il pas. Ses portraits de femme ne sont que d’ingénieux
prétextes qui lui permettent d’etaler les dessins bigarrés, les teintes douces et pâlies
des tapis d’Orient qu’il rend à merveille.

M. Dubufe est un nouveau venu dans le groupe ; il en est de même de M. Emile
Adam dont les tableaux, Soirée d'Automne et la Fille du passeur, ont obtenu un suc-
cès mérité aux deux derniers Salons, Chez M. Émile Adam, l’aquarelliste a un accent
moins personnel que le peintre. Sa pensée demande un cadre plus large que le do-
maine ordinaire de l’aquarelle; il a besoin d’un sujet où l’émotion et le sentiment
puissent trouver leur place. On s’étonne de voir l’austère peintre de la Fille du pas-
seur, ce poème gris si plein de mélancolique simplicité, sacrifier sur l’autel de Louis
Leloir à la fantaisie la plus chimérique. Sa femme couchee sur un arc-en-ciel pouvait
fournir peut-être un joli sujet d’éventail; mais il eût fallu mettre dans l’exécution le
caprice qu’exigeait un motif aussi peu naturaliste. Ces rêves éclos au pays des chi-
mères ne vont pas au tempérament sérieux de M. Émile Adam, et il est plus à son
aise dans la reproduction exacte des choses qu’il a vues. Sa meilleure page à l’expo-
sition de la rue de Sèze représente un mur blanc — le mur réussit à M. Adam — au
bord d’une mer lumineuse et bleue; assis sur ce mur, un enfant contemple les évolu-
tions d’un petit bateau qu’il vient de lancer : Un futur amiral, annonce le catalogue.
Il y a là, avec une chaude impression de l’atmosphère du midi, la profondeur des
horizons clairs.

L’aquarelle, avec ses finesses et ses transparences, se prête très bien à exprimer les
délicatesses de la lumière ; beaucoup d’artistes l'ont compris et s’y sont essayés : peu
réussissent.

M. Delort est allé faire une promenade dans le pays d’Albert Cuyp ; il a vu Dor-
 
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